Informations sur ce blog - Mes favoris

"Notre corps ne nous appartient pas" ?!

Un article du Figaro, datant du 14/02/2008, intitulé "La Recherche sur les greffes d'organes progresse" (voir), fait état de la recherche en sciences sociales sur le sujet :
"(...) la recherche passe aussi par les sciences sociales pour comprendre la pénurie d'organes en France. Avec 1 441 donneurs prélevés en 2006, on dénombrait 12 407 malades en liste d'attente. Il s'agit d'explorer, comme le fait Élisabeth Lepresle, le rapport du citoyen français avec son corps qui, rappelons-le, ne lui appartient pas. 'Le corps est extrapatrimonial. Qui va le vendre ? Qui va le donner ? L'État français ne nationalise pas le corps', a-t-elle rappelé."


"(...) le rapport du citoyen français avec son corps qui, rappelons-le, ne lui appartient pas."

Phrase étonnante. Que signifie-t-elle ? Le corps du citoyen ne lui appartient pas (dans ce cas, à qui appartient-il ? A l'Etat ?), ou bien : le corps du citoyen lui appartient, mais il n'a pas le droit d'en faire ce qu'il veut (vendre ses organes par exemple) ?
Il me semble qu'il y a là une idée un peu perverse de jouer sur les mots, en cherchant à assimiler les deux idées, bien évidemment différentes, voire opposées.

Ces deux idées sont en fait diamétralement opposées : dans le premier cas, le corps du citoyen appartient à une entité supérieure qui peut en disposer, même pour une cause allant à l’encontre de l'intérêt du citoyen. Dans le deuxième cas, le corps du citoyen ne lui appartient pas, et encore moins à quelqu’un d’autre, car en fait le corps du citoyen n’appartient à personne.

Le Professeur Henri Kreis, chef du service de néphrologie, transplantation rénale à Necker-Enfants malades, défend le "concept de l'appropriation conditionnelle par la société." Ce concept "pourrait représenter la véritable solution à la question de l'obtention des organes, à condition qu'il soit accepté par la société et rendu conditionnel par la prise en considération du refus de l'individu". Le Professeur Kreis précise qu'"(...) afin de respecter le principe d'autonomie, une société qui souhaiterait utiliser ce concept d'appropriation pour favoriser la collecte des organes devrait accepter le refus de l'individu, mais pas celui de la famille". Pour le Professeur Kreis, le système du don, basé sur l'altruisme et la générosité, ne marche pas : "Le chemin de la bonne volonté semble être un cul-de-sac." Au préalable, il conviendrait de débattre de l'importance de la transplantation pour la société...

==> Voir la présentation : "Faut-il repenser le système d'obtention des organes ?", par le Professeur Henri Kreis (2004)

Source :
http://infodoc.inserm.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire