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Médecine de remplacement, médecine régénérative : une saga entre innovation et créativité

Luc de Brabandère, consultant spécialiste de l'innovation et de la créativité, co-fondateur du Boston Consulting Group, interviewé par Hedwige Chevrillon dans l'émission du 12-15 sur BFM, la radio de l'éco (écouter l'interview - lire l'interview) : "L'innovation, c'est le changement de la réalité. La créativité, c'est le changement de la perception." 
Le dernier livre de ce coach d'Apple et de bien d'autres multinationales est sorti en août 2010, il est le fruit de deux décennies d'expérience en matière d'innovation et de créativité en entreprise. Il s'intitule "Petite philosophie des grandes trouvailles". Qu'on ne s'y trompe pas : sous ses airs de livret pour grand public érudit (en petit nombre), ce petit livre a en fait été écrit à l'attention des grands patrons d'entreprises. Google, PayPal, Apple, Nestlé, Lego, BNP, Sony, La Poste, Coca-Cola, etc.
L'innovation se situe dans la continuité et peut être développée au sein d'un grand groupe. Il s'agit, par exemple, d'améliorer des médicaments immuno-suppresseurs empêchant le rejet d'un organe greffé. La créativité se situe, quant à elle, dans la rupture. Elle exige que l'on sorte de son cadre de référence. Un exemple : le cadre de référence, pour la médecine de remplacement, c'est le Don. Sans prélèvement d'organes et de tissus, pas de greffes. Or sans sortir d'un cadre de référence(s) qui nous est habituel, acquis (celui du Don d'organes, par exemple), il est impossible de "laisser passer" l'idée créative, celle qui permettra justement, par la suite, d'innover. Pourquoi l'entreprise Nokia n'a-t-elle pas inventé l'iPhone, ou la BNP PayPal ? Aurait-on manqué d'organiser un Nième brainstorm chez ces entreprises pour que jaillisse l'idée lumineuse ?
Non, répond Luc de Brabandère. L'idée lumineuse, dans tous les cas ou presque, était déjà là. Il manquait donc ... autre chose.
Pourquoi La Poste n'a-t-elle pas inventé You Tube ? Ce n'est pas un problème d'idée neuve. L'idée neuve était déjà là. Saviez-vous que Nokia avait créé un iPhone dès 2004, donc avant Apple ? Que Sony avait eu l'idée de l'iPod bien avant Apple ? Seulement voilà ... On ne voyait pas l'intérêt de l'idée neuve. On n'était pas prêt à voir le monde autrement. Autrement dit : l'innovation (un peu plus de la même chose, en un peu mieux, un peu plus joli, un peu plus ci ou ça, mais toujours un peu plus de la même chose) ne laissait pas passer la créativité.
A l'hôpital, innovation et créativité ne font pas bon ménage. Les petites entreprises innovent (création) ; les grands groupes valident et développent (innovation), nous dit Luc de Brabandère. Comment appliquer ce shéma à l'hôpital ? Comment accepter de voir que la réponse à la pénurie de "greffons" passera par les cellules souches, les organes artificiels totalement implantables, l'assistance circulatoire mécanique ? Comment faire en sorte que l'innovation laisse passer la créativité à l'hôpital en général, dans le domaine de la médecine de remplacement en particulier ?
Comment faire en sorte que la France rattrape son retard dans le développement des banques de sang de cordon ombilical en France ? Durant des décennies, on n'a pas vu l'intérêt de ce sang de cordon dans le traitement de certaines leucémies. On avait déjà la greffe de la moëlle osseuse, alors, que nous importait de savoir que l'on pouvait arriver à des résultats comparables avec du sang de cordon ? Le cordon ombilical, le placenta ont donc été jetés durant toutes ces années : simple déchet opératoire ...
Ecoutons le Pr. Eliane Gluckman, professeur d'hématologie à l'hôpital Saint-Louis de Paris, nous raconter la saga du sang de cordon. Dans cette saga, l'innovation est du côté du don de moëlle osseuse, tandis que la créativité est de celui du sang de cordon ombilical...

1 commentaire:

  1. Que dit la nouvelle loi bioéthique au sujet du sang de cordon ? Cette loi est actuellement en cours de révision, la nouvelle mouture (l'ancienne date de 2004) sera bientôt finalisée. "Le sang de cordon devrait passer du statut de déchet à celui de tissus, cellules et produits du corps humain. Le ministre de la Santé reste attaché au principe de l’anonymat du don pour un usage allogénique et exclut la création de banques privées pour une conservation autologue. Certains, dont le Pr Gluckman, estiment cette restriction regrettable : alors que la France manque de greffons (8500 unités disponibles pour 40 000 demandes), au point qu’elle doit acheter des greffons à l’étranger pour un montant de 15 000 à 25 000 euros, ne faudrait-il pas favoriser la création de banques privées mixtes ? Cette solution autoriserait les parents à conserver le sang de leur enfant à des fins autologues tout en acceptant de le céder à une personne histocompatible en cas de besoin." (Genéthique)

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