Alors voilà, Yuki et moi on a décidé d'écrire ... On abandonne pour un temps (une semaine ou deux, qui peut prédire l'avenir) nos occupations quotidiennes afin d'écrire ces journées qui sortent de l'ordinaire pour s'engouffrer (vingt fois hélas sur l'échelle de la Misère, pardon, de Richter) dans l'histoire. Le tremblement de terre le plus puissant de toute l'histoire du Japon, et bientôt une réplique ? Samedi, j'ai rendez-vous au Salon du Livre à Paris pour montrer notre nouvelle ... Yuki m'écrit toujours : "Voici la nouvelle du Japon" ... Ce sera une nouvelle (mini-roman) à quatre mains (sauf qu'on n'écrit pas avec nos deux mains. Mais c'était pour faire genre).
Merci à toi, Yuki, pour ton courage, et tous mes voeux pour toi et pour ta famille qui vit et travaille à Tokyo ... "La nouvelle du Japon" ... a tous les ingrédients pour faire un best-seller : le danger, la gestion de la crise, les differences culturelles entre l'Europe et le Japon, les sentiments filiaux et amoureux : partir ou rester ? Ceux qui partent ne respectent pas les 50 héros et leur travail de liquidateur, en pleine "guerre de Fukushima" - leur sacrifice pour tenter de sauver la population de Tokyo et des environs (enfin, de tout le Japon) d'un désastre nucléaire, disent bien des Tokyoites pour qui leur ville, c'est chez eux : c'est leur travail, c'est leur vie. Pas question de partir. On s'en sortira. Le Japon est un dragon qui secoue le dos de temps à autre, c'est notre destin, disent-ils. Chacun doit continuer à faire son travail au mieux, se concentrer pour maintenir l'excellence économique du Japon en péril ... Chacun doit respecter le travail de l'autre. Respecter le travail de l'autre, c'est rester. Depuis samedi matin, sans interruption, je vis (via Skype et les mails) en direct tout ce qui se passe dans cette ville de la préfecture de Kanagawa-ken, petite ville à moins de 250 Kms de la centrale nucléaire de Fukushima. J'apprends à connaître la famille de Yuki dans l'épreuve, à soutenir mon amie qui vit un dilemme déchirant : doit-elle rester avec sa famille ou partir ? Elle, qui vit entre deux cultures : celle européenne et celle japonaise ... Je parle aux uns et aux autres, on apprend à se faire confiance - ce qui avec les Japonais n'est jamais immédiat : on ne laisse pas une étrangère (une journaliste française donneuse de leçons qui plus est) rentrer dans sa sphère privée, surtout si on est un chef d'entreprise Japonais traditionnel, d'une soixantaine d'années, ou une traditionnelle épouse au foyer, qui a élevé trois enfants et prend chaque jour son cours de yoga ... Mais quand je leur ai appris que l'Empereur du Japon s'était exprimé aujourd'hui sur la situation très alarmante de la centrale ... Ah bon ! L'Empereur ne s'exprime jamais ... (Sauf pour les voeux du Nouvel An) ... Quand je leur ai parlé de Tsutomu Yamaguchi - Tsutomu veut dire chance ou chanceux en japonais, si vous suivez le lien vous comprendrez tout de suite pourquoi cette homme est devenu très célèbre au Japon, à la fois pour sa malchance et pour sa chance ... Parler aux uns et aux autres pour maintenir la famille unie dans ce dédale d'épreuves ... Faire de la médiation, c'est écrire : leur histoire, celles qu'ils me racontent ... Les parents, la copine et ses frères et ses amis, la grand-mère ... J'espère que les Français aimeront ce livre tout simple, sur le vif - l'histoire de gens qui souhaitent partager dans la sincérité, passer un instant dans votre vie comme vous passerez un instant dans la leur, au pire de leur histoire - mais le pire n'est jamais certain. Gagner un peu d'âme dans les dédales du désastre, un pari insensé ?
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http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/fukushima-les-prochaines-48-heures-seront-cruciales?ku=9v7668AB-BBy8-96EA-vDDE-vDx58ywBy6DC#utm_source=lequotidiendumedecin&utm_medium=email&utm_campaign=news_derniere_heure_qdm
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