Selon le Professeur Bernard Debré, on ne pourra remplacer les transplantations d'organes que lorsque les recherches sur les cellules souches auront abouti. Selon lui, il sera possible à l'avenir de se procurer des organes à partir de l'autoreproduction de cellules souches humaines. A cette fin il est nécessaire de légiférer pour permettre la recherche sur l'embryon. Ce n'est pas encore chose faite à l'heure actuelle, étant donné qu'il existe encore de sérieux barrages à ces recherches en Europe - barrages contre lesquels le Professeur Debré s'insurge :
«Criminaliser, en plein XXIème siècle, les recherches sur le clonage thérapeutique m’apparaît aussi stupide que de s’opposer, au début du XXème, à la généralisation du vaccin. D’abord, parce que sans recherche sur l’embryon, je ne le répéterai jamais assez, nous ne serons pas en mesure, demain, de maîtriser l’autoreproduction de nos propres cellules souches ; ensuite parce qu’
il est contradictoire, et pour tout dire malhonnête, de favoriser le don d’organes et d’interdire à ceux qui en auraient le plus besoin, de recourir au gisement cellulaire que constituent des centaines de milliers d’embryons ‘surnuméraires’ congelés ».
(
Professeur Bernard Debré, "
La Revanche du serpent ou la fin de l'homo sapiens").
Recherches sur l'embryon, prélèvement d'organes sur patient en état de mort encéphalique : l'un comme l'autre ne vont pas sans poser des questions d'éthique. Selon le Professeur Bernard Debré, puisque la boîte de Pandore est déjà ouverte, nous n'avons plus le choix, nous devons continuer à percer les mystères de la vie et de la mort afin de progresser dans la recherche médicale. Or le roman du Professeur David Khayat ("Le Coffre aux âmes") donne à voir ce que serait une médecine issue d'une conscience et d'une technique ayant toutes deux forcé le "coffre aux âmes", pour l'ouvrir. Le livre du Professeur Bernard Debré ("La Revanche du serpent ou la fin de l'homo sapiens") explique comment, selon lui, l'ouverture du "coffre aux âmes" et l'éthique sont compatibles en ce qui concerne les recherches sur l'embryon, et, par voie de conséquence, quelles seraient les conditions et perspectives de cette recherche sur l'embryon.
Prélèvement d'organes sur patient à coeur battant et à coeur arrêté, élargissement des causes de décès pouvant permettre au patient de faire don de ses organes (la mort encéphalique n'est pas le seul mode de décès permettant de faire don de ses organes), augmentation de l'âge limite des donneurs pour certains organes, etc. (la médecine ne manque pas d'imagination et les nouvelles techniques se développent constamment !)... Le prélèvement d'organes se mondialise et se généralise, on dépasse largement les un pour cent de la population se trouvant en état de mort encéphalique.
La mission de ce Blog est de faire comprendre au grand public que la question des transplantations (prélèvement et greffe d'organes) ne touche plus seulement une infime partie de la population, mais qu'elle exige à présent que chacun prenne position, en toute connaissance de cause. Les familles confrontées à la question du don d'organes ne sont plus un cas isolé aujourd'hui.
L'Agence de la Biomédecine, fondée en 2005, a pour mission de faire de la transplantation d'organes une priorité absolue, c'est-à-dire d'accroître significativement le nombre de transplantations effectuées en France, donc le nombre de donneurs d'organes.
Sur le site internet de
l'Agence de la biomédecine, on peut lire :
"
Les objectifs à 4 ans :
- Poursuivre l’amélioration de l’accès à la greffe d’organes, de tissus et de cellules (...)"
Les questions d'éthique afférentes à ce témoignage : En améliorant la communication médicale après le prélèvement, fera-t-on disparaître le problème, ou ne serait-ce là qu'un moyen de camoufler le problème ? Faut-il la mort de mon prochain pour me sauver ? Suis-je certaine d'accompagner mon proche dans la mort en servant au mieux ses intérêts et son confort si je l'abandonne aux mains des chirurgiens qui vont prélever ses organes ? Ceux-ci ne vont-ils pas lui voler sa mort, à lui-même et à sa famille ? Certes il semble y avoir là un consensus social, et les chirurgiens qui prélèvent les organes ne commettent aucun acte sacrilège aux yeux de la société : c'est un acte "généreux" que celui du don d'organes. Mais il me semble que ce consensus social est bien mou...
Brigitte s'entend dire par la société et le corps médical qu'elle a été généreuse, admirable, en permettant le prélèvement d'organes sur son fils. Cela peut-il mettre un terme à ses doutes - celui, par exemple, de n'avoir pas su protéger son fils jusqu'au bout, de l'avoir abandonné au moment où il aurait eu le plus besoin d'elle ? Devra-t-elle toujours en passer par les affres de cette culpabilité, quelle que soit l'image d'elle que lui renvoie la société et le corps médical : généreuse, admirable, ...
Dans ces conditions, quel intérêt y a-t-il à améliorer la communication post-transplant ? Cela aura-t-il un effet sur Brigitte, à savoir, soulager sa culpabilité ? Ne peut-on imaginer qu'il est des familles confrontées au don d'organes qui, pour autant qu'elles ont "suivi le mouvement" et accepté le prélèvement d'organes sur leur enfant / proche (je cite Brigitte : "j'ai la nette impression que tout a été 'organisé', 'orchestré' pour obtenir notre accord"), ne s'en trouveront pas moins confrontées à d'immenses difficultés pour répondre à la question : "ai-je fait le bon choix ?"
Pour faire le deuil de son fils / sa fille / son proche, cette question passe par : "ai-je fait le bon choix pour mon fils / ma fille / mon proche ?" Il semblerait que Brigitte se trouve devant un fait accompli, qu'après-coup elle a bien du mal à accepter. Pourtant elle a bel et bien donné son accord. Dans ces conditions, le but peut-il encore être : améliorer la communication post-transplant ? Ne s'est-il pas déjà avéré qu'elle est une machine (trop) bien huilée ? Améliorer la communication post-transplant n'équivaudrait-il pas, dans des cas comme celui-ci, à poser un pansement Tricostéril sur un thorax ouvert ?
Communiquer
sur le don d'organes, et non : communiquer
pour le don d'organes : est-ce réalisable dans le contexte actuel, où une pression énorme est exercée, à tous les niveaux, pour augmenter le nombre de greffes d'organes, et donc de donneurs d'organes ? Il le faudrait pourtant, sinon des familles soupçonneuses vont finir par penser que les acteurs de la transplantation se bornent à agir selon le principe : on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs. Ce Blog peut pourtant témoigner du fait que le corps médical, dont certains acteurs de la transplantation, s'efforce de répondre aux questions.
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Actualités : "Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a annoncé qu'il souhaitait que le consentement ou le refus de don d'organes soit inscrit sur la
carte Vitale. Il explique :
'aujourd'hui, la loi dit qu'automatiquement vous êtes présumé donneur. Même si nul n'est censé ignorer la loi, il est bien de (le) confirmer avec l'inscription sur la carte Vitale'."
Vos réactions (même vives !) et messages sont les bienvenus.