"Vous vous imaginez sans doute que tous vos problèmes d’éthique que vous soulevez, on n'en parle pas tous les jours entre nous ? A chaque décès de patient, c’est une des discussions sans fin."
Un professionnel de la santé, impliqué dans les transplantations d'organes, répondait à M. Tesnière sur AgoraVox la semaine dernière, au sujet de l'article rédigé par M. Tesnière : "Information sur le don d’organes par la carte Vitale 2 : un affaiblissement du témoignage de la famille".
Il serait souhaitable que cette polémique ou disscussion autour de "tous les problèmes d'éthique" ne se limite pas au corps médical. A quand une démocratisation du débat, incluant les usagers de la santé, qui ignorent encore largement lesdits problèmes d'éthique, puisque le discours public se borne à sensibiliser sur "le don de ses organes après sa mort". L'"actuel pragmatisme ou silence" (Dr. Alexandre Rangel) vise avant tout à ne pas décourager les bonnes volontés face à la pénurie de greffons. En même temps, le déficit d'information est flagrant : il ne permet pas le consentement éclairé pourtant inscrit dans la loi, puisque le discours public fait l'impasse sur l'incapacité de la science médicale à déterminer avec certitude le moment exact de la mort. Cette incapacité est particulièrement problématique depuis la pratique des prélèvements d'organes sur donneurs "décédés", puisque dans les faits, ces donneurs sont des mourants dont on va devoir prolonger ou abréger la fin, ce qui bien évidemment n'est pas dans leur intérêt, tout en étant indispensable si on veut pouvoir prélever des organes ou greffons viables à des fins de greffe. Dans ces conditions, conciler les deux intérêts (l'intérêt du mourant potentiel donneur d'organes et celui des patients en attente de greffe) apparaît comme problématique. La formulation du discours public, qui invite à réfléchir au "don de ses organes après sa mort", fait volontairement l'impasse sur ce problème. La question est de savoir quelles sont et quelles seront les conséquences de cette impasse, dans le contexte d'une volonté de généraliser le don d'organes du fait d'une demande croissante. En 2006, il y avait 12.400 personnes en attente de greffes pour 1.442 prélevées.
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