"Les principaux facteurs explicatifs de l'opposition au don d'organes. Synthèse d'étude" (document PDF de 16 pages)
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En page 11 de ce document figure une information tout à fait intéressante :
"A ce jour, il n'existe aucune étude portant spécifiquement sur le ressenti des médecins et leur participation au prélèvement d'organes. La participation des médecins, et plus spécialement des anesthésistes-réanimateurs, est pourtant fondamentale pour intensifier les politiques de recensement des donneurs potentiels".
Avant de permettre d'"intensifer les politiques de recensement des donneurs potentiels", une telle étude permettrait de mesurer l'ampleur des clivages existant au sein du milieu médical concernant le prélèvement d'organes en général et la mort encéphalique en particulier.
Les différents critères de prélèvement des organes (prélèvement sur patient en état de mort encéphalique ou prélèvement sur patient à coeur arrêté, voir la classification de Maastricht), la diversité des définitions (mort encéphalique en France, mort cérébrale en Grande-Bretagne) et pratiques (voir le projet pilote au Canada, qui permettra de prélever les reins de patients qui ne sont pas en état de mort cérébrale mais qui n'ont pas de chance de survie ; la France se refuse à suivre cette voie) : autant de facteurs complexes, entraînant forcément une divergence d'opinions au sein du corps médical.
Ainsi, une étude "portant spécifiquement sur le ressenti des médecins et leur participation au prélèvement d'organes" s'avère nécessaire, disait Claire Boileau en juin 2004. Un mémoire de Master en Ethique Médicale, dirigé par le Professeur Christian Hervé et Manuel Wolf, promotion 2004-2005 : présenté par Jean-Christophe Tortosa, ayant pour titre : "Acceptation, par les professionnels de la santé, des prélèvements d'organes sur des sujets en mort encéphalique, sur des patients victimes d'atteintes cérébrales majeures et sur des patients en arrêt cardiaque. Résultats préliminaires d'une étude pilote menée dans deux centres hospitaliers, en France" pourrait répondre à cette attente.
Ce mémoire est téléchargeable sur le site de l'INSERM (éthique) :
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Page 21, on peut lire, à propos d'un patient A, qui présente "une perte durable et irréversible de toutes les fonctions cérébrales, les autres fonctions physiologiques (cardio-vasculaires, etc) étant maintenues grâce à des soins intensifs" : "Sur les 22 soignants qui pensent que le sujet A est vivant, 17 sont prêts à accepter un prélèvement d'organe".
Christophe Tortosa conclue (p. 38) :
"Il est à attendre, en France, un débat sur les prélèvements sur sujet à coeur arrêté ou sur la transgression de la règle du donneur décédé, débat foisonnant dans le monde anglo-saxon et confidentiel dans l'Hexagone".
1 commentaire:
J'ai lu l'histoire de Kathy Oak, une mère ayant consenti au don des organes de son fils de 18 ans, qui s'était retrouvé en état de mort encéphalique suite à un accident de voiture. Elle a appris, quelque deux semaines après le décès de son fils, que les organes de ce dernier n'avaient finalement pas été prélevés, car il avait fait un arrêt cardiaque juste avant que les équipes chirurgicales commencent le prélèvement d'organes. Son fils s'est donc retrouvé dans le cas d'un donneur d'organes de la classe V de la classification de Maastricht (2005), celle qui correspond à la classe II, sauf qu'elle concerne les patients se trouvant déjà à l'hôpital : les personnes qui ont un arrêt cardiaque et dont la réanimation échoue. Cette catégorie représente la principale source de donneurs potentiels à 'coeur arrêté'. Aux USA, on ne prélève pas d'organes sur ce type de patient, car on juge insuffisante la qualité des organes qui pourraient être prélevés ainsi. (NB : Lorsque le fils de Kathy Oak est décédé, la classification de Maastricht n'était pas encore au point). Cette mère donneuse des organes de son fils ("organ donor mom", comme elle se qualifie elle-même) s'est longtemps demandée pourquoi les organes de son fils n'avaient pas été prélevés, cheminant dans ce qu'elle qualifie le labyrinthe intellectuel ("intellectual maze") de la mort encéphalique. Sa conclusion : elle estime qu'elle a été mal informée par ses interlocuteurs du monde médical : trop peu d'informations, données à contre-temps. Pour elle, l'intérêt du patient en attente de greffe et celui du donneur potentiel en état de mort encéphalique seraient strictement incompatibles. Il entrerait nécessairement une dimension sacrificielle dans le don d'organes. Elle estime que les propos qui lui ont été tenus par le corps médical ont été trop "lénifiants", détournant son attention de la perception de certains risques qu'elle n'aurait perçu qu'après-coup. L'enseignement qu'elle en tire : "fool me once, shame on you. Fool me twice : shame on me". (si tu me roules une fois, honte à toi ; si tu me roules deux fois, honte à moi).
Voir son site à partir du "Blog Post" : http://ethictransplantation.blogspot.com/2006/11/regret-consenting-to-donation-2.html
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