Sur le site de l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche
Médicale), j'ai trouvé ce document, intitulé "Les
limites de la pratique des prélèvements sur les personnes
décédées" (2004). Auteur : Docteur Marie-Dominique Besse.
LES LIMITES DE LA PRATIQUE DES PRELEVEMENTS SUR PERSONNES DECEDEES
Dr M.D BESSE - Cours du 03-02-2004 (Faculté de Médecine Paris Descartes)
PETIT HISTORIQUE
"La transplantation, technique récente apparue en 1960, est due à la conjonction de connaissances et la disposition de greffons. En effet, deux réanimateurs ont mis en évidence le tableau clinique du coma dépassé (avec toute thérapeutique inactive) ou mort cérébrale ou, plus justement, mort encéphalique. 1970 voit la mise au point de traitements anti-rejets pour faire tolérer les greffons, mais non sans effets secondaires : traitement quotidien à prendre à heure fixe : il s’agit d’une autre vie et non d’une vie nouvelle."
LA TECHNIQUE
"Coûteuse, elle mobilise une équipe de cent personnes volontaires en même temps."
EST-ELLE JUSTIFIEE ?
"Résultats corrects : 95% de survie à un an ; 55 à 60% de survie à 5 ans.
Coût : un insuffisant rénal = 100.000 Euros par an ; un greffé = 20.000 Euros par an.
Or, un rejet peut apparaître au bout de 5, 10, 15 ans et le patient ne pas sortir de la liste de transplantation… Les greffons sont obligatoirement d’origine humaine, la biotechnologie étant au stade de la recherche ( le cœur artificiel permet seulement d’attendre la greffe). Les xénogreffes représentent une autre voie de recherche : une équipe anglaise a réalisé l’introduction d’une partie du codage des protéines humaines chez le porc. La greffe des cellules souches n’est qu’à l’état de recherche."
PRATIQUE DU PRELEVEMENT D’ORGANE
"1- reconnaissance de la mort encéphalique
Il a existé un problème juridique à légaliser cette définition : première circulaire apparue en 1958, reprise dans la loi Caillavet, puis dans la loi de bioéthique, puis le 2/12/1996 apparut le premier texte légiférant sur la mort.
2 -inversion de la chaîne de soins : c’est à dire continuer à s’occuper de patients alors qu’ils sont morts. Le texte de loi précise : Absence de réactivité. Absence de ventilation spontanée. Avec deux EEG plats à quatre heures d’intervalle, ou après une angiographie cérébrale. A noter que l' arrêt cardiaque survient dans les 48-72 heures qui suivent la destruction du cerveau.
3- prélèvements multi-organes
S’il n’y a pas de contre-indications, cœur-poumons, foie, pancréas, reins, cornées, os, peau, peuvent être prélevés sur la même personne. Mais quelles sont les limites ? Voit-on apparaître un système de recyclabilité pour un autre individu ? Où sont les limites ? (Les anglais ont instauré la limite d'age).
Sur le plan juridique, ( lois de bioéthique en cours de révision) il serait souhaitable de légiférer sur:
1 la reconnaissance juridique de la mort
2 les maladies transmissibles
3 l'inviolabilité et la non-patrimonialité du corps humain"
PROBLEMATIQUE DU DON D'ORGANE
"1 - la gratuité ( or la thérapeutique a un coût !)
2 - le volontariat (transmission de la volonté par voie orale ? voie écrite ? à qui ? comment ? Actuellement les mêmes principes que la loi Caillavet sont appliqués. Le consentement présumé pose problème car doivent se faire connaitre les personnes opposées au don d'organes : il existe le Registre National des Refus ("vous pouvez vous inscrire sur le registre national des refus" et non "vous devez vous inscrire....." ; " le médecin doit s'efforcer de retrouver l'avis du patient". Quel médecin ? Notion d'effort... Apparait la notion de famille difficilement définissable : qui comporte la famille ? La loi ne reconnait que les ascendants, les descendants, les collatéraux.... d'où le questionnement des équipes et leur grande difficulté éthique à demander "aux familles" une autorisation lors de la perte douloureuse d'un proche ( alors qu'il faudrait les aider dans leur travail de deuil. Certaines familles, très affectées répondent immédiatement par la négative, et, culpabilisant, acceptent 24 ou 72 heures après....... D'autres " veulent bien, mais le défunt ne voulait pas."... Les limites anthropologiques : "utiliser le corps humain et le restituer dans son intégrité". Pour la famille, le corps est assimilé à la personne et souvent refuse le prélèvement du coeur (affectivité ) et des yeux ("je ne voudrais pas retrouver son regard"...) A noter : si on prélève, on greffe, avec toute la traçabilité dans le temps du greffon.
3 - l'anonymat
Le fait d'accepter un don peut représenter un assujettissement d'où le phénomène de contre-don ("La main qui donne est plus haute que celle qui reçoit" Proverbe africain). Or le don n'est pas anonyme et cela pose problème : pour se sortir de cette situation, le niveau des remerciements peut être changé : "Dieu vous le rendra" ; "On ne reçoit que ce que l'on donne". Tout en gardant l'anonymat du greffé, l'équipe médicale peut informer de l'état du greffé si la famille "donatrice"le désire. L'Etablissement Français des Greffes (EFG) [depuis 2005, l'Agence de la biomédecine a pris le relais de l'EFG, ndlr.] regroupe sept régions avec un responsable par région (communication de tous les dossiers en temps réel ). Certaines listes d'attente de greffe d'organe vont plus vite que les autres, car le centre préleveur est prioritaire pour la greffe. Si l'organe prélevé n'est pas greffé, il s'agit de raisons anatomo-pathologiques. Ou si, par exemple, l'organe est hépatite B positif, le futur receveur peut le refuser. Deux cas de super-urgence : hépatite fulminans [hépatite fulminante, ndlr.] et thrombose des vaisseaux hépatiques : prioritaire trois fois vingt quatre heures sur la liste d'attente."
Source :
http://www.ethique.inserm.fr/inserm/ethique.nsf/0f4d0071608efcebc125709d00532b6f/5147d9319d00730bc12570a5005153a0?OpenDocument
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