Malaisie, ville d’Ipoh, Etat de Perak. Ipoh est une ville de contrastes : vie moderne et traditions sino-bouddhistes se mélangent. C’est dans cette ville qu’ont été tournées des scènes d’ Anna et le Roi (avec Jodie Foster). J’y ai même rencontré l’actrice Michelle Yeoh (“Mémoires d’une Geisha”), aussi belle que sympathique. Ses parents tiennent un restaurant dans la ville. Bonne année à tous ! |
A présent, ma petite enquête : l'opinion des Chinois de Malaisie et de Singapour sur les camps de travail forcé et les prélèvements d'organes effectués sur les condamnés à mort en Chine :
On se rappelle que ce sujet a été traité sur le blog "Ethique et transplantation d'organes" fin 2009 :
==> "Prélèvements d'organes en Chine : faits et débats"
==> "Trafic d'organes en Chine : de nouvelles preuves (version audio)"
==> "Trafic d'organes en Chine : de nouvelles preuves"
==> "Trafic d'organes en Chine"
Mais il y a mieux : "Le Magazine de la santé" (France 5) a repris ces éléments pour en présenter une synthèse dans une émission toute récente, visible sur You Tube :
==> http://www.youtube.com
Pour rappel, la Malaisie est composée de trois groupes ethniques : les Malais d'origine, musulmans, les Chinois, bouddhistes, et les Indiens, qui représenteraient respectivement 65, 26 et 8 pour cent de la population selon les chiffres officiels. (Source : "Le Petit Futé : Malaisie - Singapour", édition 2009-2010).
Pour faire court, en Malaisie, la police religieuse (musulmane) est toute-puissante. Un Malais (homme ou femme) qui naît musulman n'a pas le droit de changer de religion. Il y a des mosquées avec des minarets suisses tous les kilomètres. Inutile de mettre son réveil : à 5h45, appel à la prière. Les Chinois portent l'économie du pays (c'est assez vrai, économie à trois vitesses, avec de violents contrastes car les très riches et les très pauvres, là-bas, ne se cachent pas), et supportent la corruption du gouvernement - dont les Musulmans se plaignent aussi, mais les lois sont en leur faveur : ils ne paient pas d'impôts, pas de frais d'éducation pour leurs enfants à qui les places en université sont réservées, etc. Ce favoritisme s'appuie sur l'histoire : les Musulmans étaient là les premiers. Toute manifestation ou grève est interdite. Les syndicats sont inexistants. Il y a quelques années, une manifestation étudiante s'est soldée par l'arrêt de quelques étudiants, passés à tabac. Quelques-uns sont décédés "suite à une chute dans un escalier, consécutive à un infarctus". La version officielle ajoute qu'il s'agit là d'un "regrettable accident". Le gouvernement de Malaisie a d'ailleurs exprimé sa sincère consternation face aux critiques formulées à son adresse lors de ces manifestations estudiantines, alors que de son côté il déploie tant d'efforts afin d'assurer l'avenir des forces vives de la Nation.
Les ancêtres des Chinois de Malaisie et de Singapour ont fui la misère de leur pays, ou le communisme (ou les deux), pour venir s'installer en Malaisie ou à Singapour. La ville de Singapour vaut le détour : une ville composée exclusivement de Chinois, modèle de réussite économique, la Mecque du Chinois de Malaisie, car à Singapour pas de singe Malais musulman peu évolué, qui sans le Chinois, grimperait encore aux arbres, absolument, et pas de corruption du gouvernement, mais ceci est encore un autre sujet, tant le gouvernement de Singapour prend des mesures particulières. Pour n'en citer qu'une seule : dans les toilettes de l'aéroport, on peut lire : "Ici, on nettoie les toilettes avec le sourire. Si vous constatez que ce n'est pas le cas, appelez tel numéro". Le "Petit Futé" cité donne le contexte de cet étonnant message (attention, saga !) :
"En juillet 1989, ce fut une nouvelle révolution des toilettes, car celle qui avait été lancée en 1983 fut un échec. 'Il y a quelque chose qui pue dans ma république', s'était exclamé Lee Kuan Yew, confronté aux déprédations commises dans les 3.550 toilettes publiques de Singapour. Alors, aux grands maux, les grands moyens. Les coupables qui oubliaient de tirer la chasse voyaient leurs noms inscrits sur un tableau du déshonneur publié dans les journaux. Des membres des patrouilles des toilettes surgissaient et plongeaient dans ces lieux de litige, dès votre sortie. Des journalistes attendaient dehors, prêts à faire le scoop des WC les plus cradingues. On menaça de 1.000 dollars Singapouriens d'amende [diviser par deux pour avoir le prix en Euros], plus trois ans de prison et six coups de martinet tout contrevenant. Les résultats furent décevants. (...) Aujourd'hui, pour promouvoir la propreté, nouvelle campagne. Les propriétaires des toilettes doivent, toujours sous peine d'amende, mettre à la disposition des clients du papier, du savon et des serviettes propres. Ainsi, l'incorrigible n'aura plus aucune excuse."
Pour ces Chinois Malais ou Singapouriens avec qui j'ai pu échanger, qu'ils soient employés, commerçants, cadres, cadres dirigeants de multinationales, les camps de travail forcé existent en Chine, et les exécutions pour les organes existent aussi. Si le nombre de ce genre d'exécutions a baissé (face aux accusations internationales, le gouvernement Chinois a reconnu en 2008 que "les prisonniers exécutés ne constituaient pas une source d'organes appropriée"), la pratique est tout de même solidement ancrée. Explication donnée par les Chinois Malais et Singapouriens : "La vie d'un homme ou d'une femme pauvre ne vaut rien en Chine. Ce 'rien' cache des choses dont vous n'avez même pas idée en France, avec votre religion de la démocratie." (traduit de l'anglais, voire du "Singlish", mélange d'anglais et de Singapourien. Les intonations de l'anglais ou de l’américain ne sont pas respectées par les Malais, qui parlent anglais avec un accent chinois à couper au couteau, en émaillant leur discours de "lah !". Exemple : "Look, lah ! Relax, lah !"). Pour les Chinois de Singapour et de Malaisie, la vente de reins en Chine (paysans pauvres) va s'étendre d'une manière "dont on a à peine idée" - sur le modèle du sang, à la "grande époque" du Sida. On se rappelle en effet le destin tragique, peu connu en France, de centaines de milliers de paysans du Henan (Chine) contaminés par le sida, tandis qu'ils pensaient sortir de la misère en vendant leur sang. Quel effet aura la vente d'un rein sur la santé de ces paysans pauvres travaillant dur, et faisant ce sacrifice pour un prix souvent dérisoire, sans pouvoir bénéficier d'aucun suivi médical ?
En Chine, les condamnés à mort et les prisonniers de camps de travail forcé peuvent, comme on l'a vu, servir de source d'approvisionnement en organes vitaux ou encore en cornées, à des fins de transplantation. Mais ces sympathiques cadavres peuvent aussi connaître d'autres destins. Comme celui d'être exhibés lors d'une "exposition anatomique". On se rappelle l'exposition anatomique intitulée "Our body. A corps ouvert", qui s'est tenue à Paris de février à avril 2009, pour être interdite suite à un avis défavorable émis par le Conseil National de l'Ordre des Médecins (lire l'avis). L'origine des cadavres "plastinés", constituant cette exposition, n'a jamais pu être prouvée par ses organisateurs. Une chose est certaine : cette petite vingtaine de corps "plastinés", c'est-à-dire mis sous cellophane alors qu'ils sont encore frais, est exclusivement composée de Chinois. Cette même exposition, qui s'était tenue à Las Vegas (USA) en 2007, puis en Amérique du Sud suite à sa fermeture à Paris en mai 2009 (Pérou, Bolivie), se tient actuellement à ... Singapour ! C'est ce que j'ai pu constater il y a quelques jours, photos à l’appui.
Le prospectus que j’ai pris pour vous met en avant l'aspect pédagogique de l'exposition - ce qui a été contesté par l'Ordre des médecins en avril 2009. A Singapour, des étudiants de médecine s'offrent au grand public pour une visite guidée de l'expo.
==> Télécharger le prospectus de l'exposition :
(Doc. PDF, 552 Ko)
Une expo anatomique composée de prisonniers chinois exécutés, qui se déplace en catimini dans le monde, car sujette à controverses éthiques, voilà qui mériterait de recueillir vos réactions, témoignages, arguments, questions … Par avance, merci !
1 commentaire:
Petit rectificatif par rapport à ce qui a été dit dans l'émission "Le Magazine de la santé" (France 5), visible sur You Tube : le livre des avocats canadiens David Kilgour et David Matas apportant 52 preuves sur ce trafic d'organes en Chine s'intitule bien "Bloody Harvest". Mais cela ne signifie pas "Prélèvements sanguins", comme il a été dit (il ne s'agit bien sûr pas d'une simple prise de sang), mais "Prélèvements sanglants", car on y parle des transplantations d'organes forcées : des organes sont prélevés sur des prisonniers de camps de travail et des condamnés à mort Chinois, exécutés à des fins d'approvisionnement en organes viables pour la transplantation. Il ne s'agit là que d'un lapsus de la journaliste, qu'il convient de féliciter par ailleurs pour son excellente présentation synthétique sur le sujet.
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