Le trafic d’organes en Chine est institutionnalisé. Il s’effectue avec la complicité de l’armée. La Chine d’aujourd’hui, c’est un mélange détonnant entre un gouvernement totalitaire et un libéralisme économique effréné. Des avocats canadiens, des médecins et chirurgiens sont venus le 3 décembre 2009 à l’Assemblée Nationale, afin de faire le point, à grand renfort de faits et de preuves, sur le prélèvement sauvage d’organes humains en Chine.
Un homme, un discours
David Kilgour lit son discours. Cet avocat Canadien a occupé les fonctions de député puis de secrétaire d’Etat du Canada pour la région Asie-Pacifique. Avant de devenir parlementaire, il était procureur de la Couronne. Sa motivation ? "Je veux que ces trafics d’organes cessent en Chine." Même si les chirurgiens transplanteurs de Chine n’ont pas été pris le scalpel dans le sac, nous avons des preuves ! Le livre que nous venons de publier, "Prélèvements meurtriers : assassinats de pratiquants de Falun Gong pour leurs organes", réunit 52 preuves. Il est temps d’y croire ! |
Des faits, encore des faits, toujours des faits
Ce matin-là, trois hommes se sont relayés pour nous faire croire à l’incroyable. L’avocat Canadien David Kilgour, le Professeur Francis Navarro, chef du service de chirurgie hépato-digestive et de transplantation au CHU de Montpellier, qui a été enquêter en Chine et qui prépare un livre sur le sujet du trafic d’organes, le Professeur Yves Chapuis, ancien chirurgien transplanteur, membre de l’Académie Nationale de Médecine.
Des avocats activistes des droits de l’homme écrivent sur la Chine :
Le contexte :
Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Manfred Nowak, a demandé une enquête en 2006, suite à des allégations, ou à ce qu’on pouvait supposer comme tel : des pratiquants du Falun Gong – sorte de yoga Chinois visant au développement spirituel du pratiquant, souvent bouddhiste – seraient emprisonnés et traités comme de simples réservoirs d’organes, afin d’alimenter un trafic lucratif. Début avril 2006, la coalition d’investigation sur la persécution du Falun Gong en Chine est établie. David Kilgour et David Matas commencent leur enquête. Depuis avril 2006, ils réunissent des preuves, publient des rapports.
On connaissait les Tibétains …
On connaît moins cette affaire des transplantations forcées, dont les pratiquants du Falun Gong sont victimes. Le Falun Gong consiste en une série d’exercices avec un fondement spirituel. Il a été interdit en Chine en 1999.
… Mais voici un refrain moins connu :
David Kilgour : “Le Falun Gong est essentiellement un ensemble d’exercices ayant un fondement spirituel. Ce mouvement a pris son essor en Chine après 1992. Initialement, le gouvernement a encouragé la pratique comme étant bénéfique pour la santé. En 1999, il était si populaire que le Parti prit peur : et si son hégémonie idéologique, sa supériorité en nombre allaient se trouver concurrencées par le Falun Gong ? Selon une estimation gouvernementale, le nombre de personnes qui pratiquaient le Falun Gong dans toute la Chine est passé de pratiquement zéro en 1992, à 70-100 millions de personnes. La pratique a donc été interdite par le Parti au pouvoir. Les pratiquants ont été invités à se rétracter. Ceux qui ont continué à pratiquer et ceux qui ont protesté contre l’interdiction ont été arrêtés. S’ils se rétractaient après leur arrestation, ils étaient libérés. S’ils ne le faisaient pas, ils étaient torturés. S’ils se rétractaient après avoir été torturés, ils étaient ensuite libérés. S’ils ne s’étaient pas rétractés après avoir été torturés, ils disparaissaient dans le système de détention chinois ou du travail forcé.”
Quelle est la différence entre un Chinois condamné à mort et un Chinois pratiquant du Falun Gong ?
David Kilgour : “Les détentions pour cause de pratique de Falun Gong présentent une caractéristique peu commune. Les pratiquants qui, de partout à travers le pays, étaient venus Place Tiananmen à Pékin pour faire appel ou pour protester ont été arrêtés. Ceux qui ont révélé leur identité à leur ravisseur étaient renvoyés vers leur localité d’origine. Leur famille était automatiquement associée à leurs activités de Falun Gong et subissait des pressions pour se joindre au mouvement organisé pour obliger les pratiquants à renoncer au Falun Gong. Leurs responsables au travail, leurs collègues, leurs chefs de gouvernement local étaient jugés responsables et pénalisés au seul motif que ces individus étaient allés manifester à Pékin. Pour protéger leur famille et éviter l’hostilité des personnes dans leur localité, beaucoup de pratiquants de Falun Gong détenus ont refusé de donner leur identité. Le résultat a été une population importante de pratiquants de Falun Gong en prison, dont les autorités ne connaissaient pas l’identité. De plus, aucun de leurs proches ne savaient où ils se trouvaient.”
En Chine, plus de 80 chefs d’accusation peuvent conduire à la peine de mort sans aucune forme de procès. Un exemple : la fraude fiscale. Les condamnés sont promenés dans la ville, portant une pancarte autour du cou. Cette pancarte est symbolique : elle symbolise la mort civile de ces individus, qui ont perdu toute identité sociale, puisqu’il y est écrit : “Je ne fais plus partie de la société”.
Prélèvements criminels
Sur qui prélève-t-on ces organes à des fins de trafic ? Sur des criminels condamnés à mort, ou sur des prisonniers pratiquants du Falun Gong ?
Que l’on soit pour ou contre la peine de mort, voilà qui ne peut être débattu ici. Faire des condamnés à mort d'un pays une source d'organes pour alimenter la vente d'organes dans le monde, ou pour greffer des patients en attente de greffe en Chine n'est tout simplement pas approprié. Il n'est pas nécessaire de se lancer dans un discours contre la peine de mort pour le comprendre. Il n’est pas non plus question de dire : tel condamné ne vaut pas la corde pour le pendre, c’est un vrai criminel, tandis que tel autre a eu le tort de ne pas applaudir au bon moment. La réalité en Chine est la suivante : vrais et faux criminels se trouvent tous deux promus contre leur gré au rang de réservoir d'organes, cela a été particulièrement vrai en 2006, 2007 et 2008. Redonnons la parole à David Kilgour, qui constate une diminution du nombre de condamnés à mort en Chine, tandis que, pour cette même période, les prélèvements d’organes et greffes continuent.
“Il y a une aversion culturelle en Chine pour le don d’organes et le prélèvement d’organes vitaux à partir de donneurs se trouvant en état de mort cérébrale. Il n’existe pas de système permettant de centraliser les listes de patients en attente de greffe et les potentiels donneurs d’organes, pas plus qu’on ne recherche une quelconque compatibilité entre donneur et receveur, ce qui signifie qu’il y a un énorme gaspillage d’organes.
La seule source importante pour les greffes d’organes en Chine, avant la persécution des pratiquants du Falun Gong, était constituée par les prisonniers condamnés à mort et exécutés. Le nombre de transplantations d’organes en Chine a connu une augmentation fulgurante, peu après l’interdiction de la pratique du Falun Gong. En revanche, le nombre de personnes condamnées à mort et exécutées n’a pas augmenté. (…) Avant le 01/01/2007, la peine de mort pouvait être décidée par des cours de justice régionales, les cours suprêmes du peuple. A partir du 01/01/2007, toute peine de mort décidée par une cour régionale devait être approuvée par la cour suprême centrale du peuple. Ce changement de procédure a eu pour effet de réduire de moitié le nombre de condamnés à mort, selon une estimation d’Amnesty International. La diminution du nombre de condamnés à mort signifiait que moins de personnes condamnées étaient disponibles pour fournir des organes. Selon Amnesty International, le nombre de prisonniers condamnés à mort et exécutés est en 2004 : 3.400 ; 2005 : 1.770 ; 2006 : 1.010 ; 2007 : 470 ; 2008 : 1.718. Les statistiques du gouvernement chinois montrent que le volume des greffes d’organes n’a pas diminué autant que cette source d’organes que représentent les condamnés à mort. Le Registre des greffes du foie de Chine rapporte les chiffres suivants : 2004 : 2.219 ; 2005 : 2.970 ; 2006 : 2.781 ; 2007 : 1.822 ; 2008 : 2.209. [Par comparaison, il y a quelque 900 greffes de foie chaque année en France, dont un tiers pour des cirrhoses alcooliques, 20% pour les hépatites virales et 12% pour les cancers, les retransplantations (après rejet d’un greffon) représentant 9% du total des greffes. Source : http://www.actions-traitements.org/spip.php?breve1575 ; Agence de la biomédecine]. L’année 2007 montre une augmentation des greffes du foie et, dans le même temps, une diminution des exécutions de prisonniers condamnés à mort et un changement dans la loi : désormais les hôpitaux doivent être autorisés par le ministre de la santé à effectuer des prélèvements d’organes, lesquels ne doivent plus répondre à la demande de 'tourisme des transplantations' (les patients étrangers venant bénéficier d’une greffe illégale) mais à celle nationale. Pourtant, la diminution de greffes de foie en 2007 est loin de correspondre à la diminution des exécutions de condamnés à mort. (…) En 2007, comment la Chine a-t-elle pu maintenir sa réduction du nombre de greffes du foie à seulement –34% face à l’obligation d’avoir une licence pour les hôpitaux non militaires réalisant des greffes, avec une réduction de 53% dans ce que les autorités chinoises prétendent être leur seule source d’organes [à savoir : les condamnés à mort] ? La seule réponse plausible est l’augmentation du nombre d’organes provenant de la seule source d’organes significative : les pratiquants du Falun Gong.”
Que vient faire le Falun Gong dans cette histoire ?
David Kilgour : “Le gouvernement chinois considère que le Falun Gong représente une menace réelle. Les communistes craignent que le Falun Gong puisse fournir une alternative viable à l’idéologie dominante communiste en Chine. (…) La population de détenus qui sont des pratiquants de Falun Gong se trouve avoir la taille suffisante et toutes les caractéristiques d’une grande ‘banque d’organes’. Ils sont le seul groupe de détenus qui puisse expliquer raisonnablement l’augmentation soudaine du volume des greffes entre les années 2000 et 2005. La conclusion de cette thèse est que les organes des pratiquants de Falun Gong détenus sont prélevés de manière systématique pour servir à l’industrie des greffes d’organes en Chine et que cette pratique est une forme industrialisée que prend la persécution du Falun Gong par le Parti communiste chinois.”
A-t-on oublié l'affaire du sang contaminé en Chine ?
Le trafic d’organes en Chine, un ballot de souffrance et de désespoir ?
Professeur Francis Navarro : "D’abord, en Chine, il y a eu les camps de prisonniers du Falun Gong, puis les condamnés à mort. Les sites internet le montrent : en Chine, on peut acheter un rein pour 80.000 USD. Des médecins militaires se chargent de ces prélèvements de reins sur les condamnés à mort, dans la minute qui suit l’exécution. En Chine s’est installée ce que j’appellerais la trilogie ‘peine de mort – condamnation – tourisme de transplantation’. Les Israéliens et les Coréens ont été les premiers patients à bénéficier de greffes en Chine. Je rappelle que dans les pays asiatiques, la pratique de prélèvement d’organes sur donneur décédé à cœur battant (c’est-à-dire maintenu en vie artificiellement, au moyen d’un respirateur) n’existe pas. L’inhumation du corps complet est obligatoire. La Société Britannique de Transplantations a été la première société de transplantation à réagir et à dire que les pratiquants du Falun Gong ont été les premières victimes de ces transplantations forcées. Ont suivi ensuite les condamnés à mort. J’ai réalisé une enquête sur le trafic d’organes au Pakistan, mais il faut bien dire qu’il existe toute une organisation mafieuse de trafic d’organes à l’échelle internationale ! Mentionnons qu’il existe un Prix Nobel américain qui est pour la vente d’organes (lire) ! Est-ce que demain, nous allons parler des organes de la même façon ? C’est une possibilité qu’un jour, un organe soit rémunéré. Dans un Etat américain, il existe, depuis deux ans et à titre expérimental, un programme de rémunération des organes. Ce que nous, chirurgiens, ne pouvons accepter : la pratique du prélèvement d’organes à partir de condamnés à mort. Mais on ne nous écoute pas ! Espérons que le livre de David Kilgour va réveiller les esprits. En 2007, j’ai fait circuler une pétition parmi mes collègues chirurgiens transplanteurs. Le but était de les faire signer, ainsi que les politiques, contre la peine de mort et ses conséquences sur le trafic d’organes en Chine. Mais les choses n’ont pas bougé. La sanction économique ne se fait pas attendre, pour peu que l’on montre certaines pratiques chinoises du doigt … "
En avant-première :
Le Professeur Navarro organise actuellement une conférence internationale sur le trafic d’organes. Elle devrait avoir lieu prochainement à Montpellier.
Professeur Yves Chapuis : “Il faut parler de la bonne conscience donnée par les responsables chinois en 2008”.
David Kilgour : “Vous voulez parler de cette loi de mai 2007 ?”
Professeur Yves Chapuis : “C’est exact.”
David Kilgour : “Depuis mai 2007, une loi vient réglementer les greffes, n’autorisant l’activité des transplantations qu’au sein d’hôpitaux pour lesquels une autorisation a été délivrée. Le Ministère de la santé a annoncé qu’à partir du 26 juin 2007, les patients chinois seraient prioritaires sur les étrangers pour l’accès à la greffe. Le Ministère de la santé en Chine a également interdit à toutes les institutions médicales se trouvant sur son sol de répondre à la forte demande du ‘tourisme de transplantation’, c’est-à-dire de pratiquer des greffes sur des patients en attente de greffe venus de l’étranger. Le gouvernement a annoncé en août 2009 que la Croix Rouge de Chine a mis en place un système de don d’organes, même s’il s’agit seulement d’un projet pilote impliquant une dizaine d’hôpitaux régionaux, et non d’un projet à l’échelle nationale. Ces premières tentatives de réglementation demeurent cependant insuffisantes.”
Professeur Yves Chapuis : “Effectivement, on aurait pu avoir l’impression que l’ordre est rétabli. Nous pourrions être moins mal à l’aise. Or il n’en est rien. Ce n’est pas vrai que les choses ont changé. En Chine, l’organisation des prélèvements d’organes sur des pratiquants du Falun Gong et des condamnés à mort passe par les tribunaux et les hôpitaux militaires. Rien n’a changé ! Voyons les chiffres : 200 à 300 patients recensés en mort encéphalique en Chine. Or y sont effectuées quelque 12.000 transplantations par an (40.000 transplantations par an sur 2006 et 2007, selon certaines sources polémiques), tous organes confondus ! Si vous voulez le détail : 5.000 transplantations hépatiques ; 15.000 transplantations rénales ; 5.000 transplantations cardiaques, ... [A titre de comparaison, on réalise en France entre 4.000 et 5.000 greffes par an, soit dix fois moins qu'en Chine].
En Chine, les institutions de transplantation sont contrôlées par l’armée, ce qui signifie que les chirurgiens transplanteurs sont des personnels militaires. Les hôpitaux qui réalisent des transplantations sont contrôlés par l’armée. Le système est donc bien rôdé, et la loi de mai 2007 ne permet en rien de mieux contrôler la situation ! En Amérique du Sud, la situation du trafic d’organes est mieux contrôlée. Une Magistrate auprès de la Cour Suprême d’Argentine a enquêté et donné ses conclusions récemment. Je rappelle qu’en France, dans la seconde moitié des années 50, les premières transplantations d’organes (des reins) ont été faites en utilisant des condamnés à mort.”
[ Une anecdote quelque peu macabre : les premiers prélèvements de reins effectués en France dans cette situation l’ont été sur des condamnés à mort, guillotinés à la prison de La Santé. Juste après leur exécution, une équipe médicale se précipitait sur eux, afin de remplacer leur sang par des liquides de refroidissement, et une ambulance conduisait à l’hôpital ces "candidats" au prélèvement d’organes (reins)... Source : http://www.canalc2.tv/video.asp?idvideo=6012 ].
De gauche à droite : Pr. Francis Navarro, Michel Wu, David Kilgour, Jianping Zhang (journaliste à “La Grande époque”), Catherine Coste | Professeur Yves Chapuis : “On a mis le doigt dans un engrenage terrible ! Il y a une attitude ambivalente, une ambiguïté extraordinaire de la part des chirurgiens et des politiques français !” |
7 commentaires:
Merci aux journalistes de La Grande Epoque (the Epoch Times), pour les photos !
Lien :
http://www.theepochtimes.com/
English version :
http://www.theepochtimes.com/n2/content/view/26322/
http://campsd-extermination-en-chine.20minutes-blogs.fr/archive/2009/12/12/ils-tuent-pour-des-organes.html
http://www.lagrandeepoque.com/LGE/Chine-/-Asie/Ils-tuent-pour-des-organes-mais-chut-ca-nous-arrange.html
France : "Le journaliste Michel Wu s'exprime sur le trafic d'organes prélevés sur les prisonniers 'Falun Gong' en Chine :
C'est en enquêtant sur l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en Chine en 2006, qu'un journaliste chinois découvre par hasard un scandale sanitaire : les membres condamnés à mort du mouvement 'Falun Gong' sont prélevés de leurs organes.
Une pratique à grande échelle qui alimente un marché florissant.
Le reportage de Bruno Faure et les explications de Michel Wu, ex-chef du service chinois de RFI.
Ce scandale fait également l'objet d'un rapport publié par 2 avocats canadiens : "Prélèvements meurtriers", paru aux éditions Séraphine."
http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video-6883-Michel_Wu_ex_chef_du_service_chinois_de_RFI_s_expr.htm
Excellent article de l'Express sur le sujet :
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/prelevement-sauvage-d-organes-sur-des-opposants-chinois_834205.html#xtor=AL-447
http://glitter.bloguez.com/glitter/816360/L-arm-e-du-Parti-communiste-chinois-N-1-dans-les-greffes-d-organes-Photos-
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