En Grande-Bretagne (je suis Britannique), ce n'est pas d'hier qu'on se moque gentiment du "politique 1.0" (dans un "monde 2.0"), s'accrochant au pouvoir comme une moule à son rocher ... On le fait de manière très vive, incisive, décalée (comme moi sur cette photo, en Barbie "british", donc excentrique) ... Quelques florilèges de cette comédie musicale : Sir Humphrey est un homme politique 1.0, au sens où son but est ... de faire carrière (comme tous nos politiques gaulois) ... et de disposer d'une bonne planque et d'un bon salaire à vie (retraite y compris), en ronronnant gentiment, sans jamais rien remettre en question (pléthore ruineuse de fonctionnaires désorganisés). Sa devise : "Pas-de-vagues".
Si le grand public met le nez dans ce "merdier" (à cause d'un mauvais fonctionnaire qui aura fait une "connerie", à savoir être honnête vis-à-vis de la population et attirer l'attention sur des dysfonctionnements), il va se faire virer, le Humphrey ... et perdre tous ses privilèges et son pouvoir ... Les politiques 1.0 ne datent donc pas d'hier, et on se moquait déjà d'eux sur la BBC anglaise au début des années 80 ... L'information, c'est le pouvoir, disent les politiques 1.0 ... tandis que dans le monde 2.0, l'information est partagée et interactive ... Tant que la population (2.0) n'a pas le nez sur les absurdités de l'administration (1.0), tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, c'est-à-dire qu'on va gentiment dans le mur ... On y va lentement, en y mettant les formes, mais on y va ... Sir Humphrey dit ainsi : "Dans l'industrie privée, si je fais une connerie je me fais virer direct ; dans l'administration, si des dysfonctionnements du service public sont portés à l'attention de la population, c'est moi qui me fais virer" (*) ... Ce Humphrey est un Monsieur-Pas-De-Vagues ; et dans notre aimable administration gauloise 1.0, c'est bonnet blanc et blanc bonnet - moi je suis plutôt perruque rose. D'ailleurs je me suis baladée près du parlement à Westminster avec mes neveux (adorables ados qui me font voir la vie en rose) et cheveux (roses) ... Les touristes étrangers regardaient ma perruque ; les Anglais regardaient mes jambes ... Y a des moments où je suis fière d'être Britannique ...
(*) "Most of Sir Humphrey's actions are motivated by his wish to maintain the prestige, power, and influence he enjoys inside a large, bureaucratic organisation and also to preserve the numerous perks of his position: automatic honours, a substantial income, a fixed retirement age, a large pension, and the practical impossibility of being made redundant or being sacked. In fact, a good deal of the tension in their relationship comes from Hacker's awareness that the politicians are liable to lose their jobs if civil service ineptitude comes to public attention.
In private industry if you screw things up you get the boot; in the civil service if you screw things up I get the boot!"(Wikipedia)
L'humour anglais est très fin ... Celui anglais est différent de celui américain, cela se voit aussi dans les comédies musicales données dans les deux pays. Souvent, ce ne sont pas les mêmes ... Partant de là, côté anglais, mise en scène au second voire troisième degré (exigences mise en scène et technicité des acteurs / chanteurs / danseurs moindres). Côté américain, humour au premier degré (exigences mise en scène et technicité des acteurs / chanteurs / danseurs +++)."Shrek" se comprend au 2e et 3e degré. C'est une comédie musicale anglaise, qui ne se joue pas aux USA, du moins pas en tant que comédie musicale. Plus comme une pièce de théâtre divertissante (lire). Les Américains disent donc que Shrek est un "big fat hit" (un truc bien mais on sait pas trop ce que c'est) ; juste pas un "musical" parce que la musique n'y est pas assez bien - pas au niveau des autres comédies musicales de Broadway ... Il y a dans Shrek une foule de références à la culture anglo-saxonne de l'enfance (pantomimes, etc.) La mise en scène est décalée (indigente parfois, à dessein, pour faire rire). Tous les effets spéciaux spectaculaires "premier degré" explosent à la fin, on se croirait à Hollywood. Mais seulement à la fin ... pour montrer qu'ils savent faire ... Le reste du temps, l'humour au 2e et 3e degré "drive" le spectacle ... Quand on n'est pas Anglais et qu'on voit cela pour la première fois, on est un peu perplexe ... Dans le "Musical" Shrek, ce que j'ai préféré, c'est le dragon ... Les créateurs du film "Shrek" ont réussi à faire une oeuvre universelle ; la "comédie musicale" du même nom, même si elle s'appuie sur la superproduction américaine, est un produit "british" pur sucre ...
"Memphis" est un "Musical" qui ne se joue qu'aux USA et pas à Londres - ce spectacle arrive d'ailleurs en fin de représentation à Broadway début août 2012. J'ai eu la chance de voir l'une des dernières représentations. Ma-gique. "Memphis" raconte la naissance du Rock n'roll et les Negro shows des années 50 dans l'Amérique du Sud raciste ... C'est très "premier degré", avec des effets de mise en scène spectaculaires tout du long ... J'avoue que j'ai une petite préférence pour les comédies musicales américaines ... même si elles sont plus "premier degré" ... Les comédies musicales les plus récentes à Broadway, comme "The Book of Mormon" (une de mes comédies musicales préférées) combinent les qualités anglaises (humour au second degré, mise en scène décalée) et le côté "premier degré" des super-productions de Broadway ... C'est iconoclaste (on entend même dans une des chansons :"Fuck God back right in his cunt." **) et ma foi ... très réussi. Cela se passe en Afrique (Ouganda) ... où se rendent des Américains mormons ... Vous savez sans doute, si vous suivez l'actualité américaine, que les Mormons (mouvement religieux peu présent en France) sont sur-représentés politiquement aux USA ... Ils ont un tel poids financier dans le pays que le prochain Président des USA, si Obama est battu aux élections (à cause du chômage qui ne descend pas suffisamment) sera ... un Mormon. Il y a beaucoup de Mormons qui innovent dans la Silicon Valley aux USA (Californie) ... depuis plusieurs décennies ... Dans la comédie musicale de Broadway la plus récente, "The Book of Mormon", nos missionnaires américains animés des meilleures intentions du monde se heurtent, en arrivant en Ouganda, aux mœurs locales, incluant le sida et ... le blasphème (**). Ils ont fort à faire ... Ce qui suit est un petit bijou :
(**) "The Book of Mormon": Hasa Diga Eebowai
Pour finir, un extrait ô combien savoureux de la comédie musicale "Yes, Prime Minister!" :
(***) Le Premier Ministre : "Ne me parlez pas de la presse. Je sais exactement qui sont les gens qui lisent les journaux. Les lecteurs du Daily Mirror sont persuadés qu'ils dirigent le pays ; The Guardian est lu par des gens écœurés de ne pas être de ceux qui dirigent le pays ; The Times est le journal des puissants ; The Daily Mail est lu par les épouses de ceux qui lisent le Times ; The Financial Times est lu par ceux qui possèdent le pays ; The Morning Star a pour lectorat des gens qui pensent que notre pays devrait être dirigé par un autre pays , The Daily Telegraph est lu par ceux qui sont convaincus que tel est bel et bien le cas ...
Sir Humphrey : Monsieur le Premier Ministre, qui sont les lecteurs du journal The Sun ?
Bernard : Les lecteurs de ce journal se fichent bien de qui dirige le pays, du moment qu'il y soit question de gros seins ..."
(***) Hacker: Don't tell me about the press. I know exactly who reads the papers: the Daily Mirror is read by people who think they run the country; The Guardian is read by people who think they ought to run the country; The Times is read by people who actually do run the country; the Daily Mail is read by the wives of the people who run the country; the Financial Times is read by people who own the country; The Morning Star is read by people who think the country ought to be run by another country; and The Daily Telegraph is read by people who think it is.
Sir Humphrey: Prime Minister, what about the people who read The Sun?
Bernard: Sun readers don't care who runs the country, as long as she's got big tits" (Wikipedia)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire