Les différents pays essaient d'augmenter le nombre de donneurs d'organes : en Allemagne, on rend légale la vente de tissus humains (ex.: valves cardiaques, aortiques), considérés comme des médicaments et donc commercialisables, en Espagne chaque hôpital signalant un donneur d'organes est rétribué par le gouvernement. (Voir Blogpost "Les fabricants de coeurs")
En France, la reprise du prélèvement d'organes "à coeur arrêté" a été avalisée hier (14/03/2007) par l'Académie de Médecine (voir le rapport de l'Académie de Médecine). Ces prélèvements soulèvent cependant quelques questions, sur lesquelles l'espace éthique de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) se penche (voir ces questions : cliquer ici).
Le prélèvement "sur donneurs à coeur arrêté" concerne les patients se trouvant dans les cas de figure identifiés par les catégories I, II et IV de la Classe de Maastricht:
Les "Recommandations du Comité d'Ethique 1997-2005" de l'Agence de biomédecine précisent (p. 54 et annexe) :
"Les prélèvements sur donneur à coeur arrêté : donneurs relevant des catégories I, II et IV dites de Maastricht : plusieurs catégories de donneurs potentiels à coeur arrêté ont été individualisées et ont donné lieu à une classification dite de Maastricht :
- Les personnes décédées en état de mort encéphalique, qui font un arrêt cardiaque irréversible au cours de la prise en charge en réanimation (catégorie IV de la classe de Maastricht). Cette catégorie ne pose pas de problèmes différents de ceux posés par la situation de mort encéphalique.
- Les personnes qui sont en arrêt cardiaque et pour lesquelles le prélèvement d'organes est envisagé si la durée de l'arrêt cardiaque est inférieure à 30 minutes (catégorie I de Maastricht). Ici le diagnostic de la mort s'appuie sur le seul critère de l'arrêt de la fonction cardiaque, pas sur celui de l'arrêt de la fonction cérébrale !
- Les personnes qui ont un arrêt cardiaque en présence des secours, maintenues avec un massage cardiaque et une ventilation mécanique, et dont la réanimation s'avère vouée à l'échec (catégorie II de Maastricht). Cette catégorie représente la principale source de donneurs potentiels à 'coeur arrêté'. Là encore, le critère qui permet de définir la mort est le seul critère de l'arrêt cardiaque.
- Enfin, celles pour lesquelles on décide d'un arrêt de la réanimation (catégorie III de Maastricht)". Notons que le rapport de l'Académie de Médecine de mars 2007, concernant les prélèvements d'organes sur patients à "coeur arrêté", a résolu de supprimer cette classe de donneurs potentiels, pour des raisons d'éthique. Aux USA et au Canada, la classe III de cette classification de Maastricht fournit des donneurs d'organes "à coeur arrêté". Cela pose un problème d'éthique (et fait donc l'objet de nombreux débats d'éthique dans ces deux pays) car les patients de cette classe III sont des patients pour lesquels une décision d'arrêt de la réanimation a été prise, pour des raisons thérapeutiques (pour éviter l'acharnement thérapeutique en particulier). Dans ce cas, il n'est pas question de mort encéphalique. Il est question de reconnaître que le pronostic vital n'est pas bon, pour un patient donné. Puis, une fois la décision d'arrêt de la réanimation prise et mise en application, après un temps d'attente donné (souvent très bref : une minute, selon certains rapports américains), les organes de ce patient sont prélevés (son accord ou celui d'un proche ayant été obtenu au préalable). Ceci ne peut pas se faire en France. Un exemple concret de prélèvements d'organes sur patients de cette classe III : au Canada, une expérimentation est en cours, afin d'envisager d'inclure des patients de cette classe III dans la catégorie des donneurs d'organes. Plus d'information : cliquer ici.
Les différents critères de prélèvement des organes : prélèvement sur patient en état de mort encéphalique ou prélèvement sur patient à "coeur arrêté" ne se trouvant pas en état de mort encéphalique (voir les critères de la Classification de Maastricht), la diversité des définitions (mort encéphalique en France, mort cérébrale en Grande-Bretagne) et pratiques (projet pilote au Canada, qui permettra de prélever les reins de patients qui ne sont pas en état de mort cérébrale mais qui n'ont pas de chance de survie ; la France se refuse à suivre cette voie => plus d'infos) sont autant de facteurs complexes, donnant à l'usager de la santé l'impression de cheminer dans un labyrinthe intellectuel.
Ces donneurs potentiels des classes I et II de Maastricht, dits "donneurs à coeur arrêté", c'est-à-dire se retrouvant en arrêt cardiaque, cela peut être vous ou moi ! Les donneurs potentiels en état de mort encéphalique représentent environ un pour cent de la population ; il convient désormais d'ajouter à ce un pour cent tous les donneurs potentiels qui se trouveront en arrêt cardiaque, selon les critères définis dans ces classes I et II de Maastricht. Le "cercle des donneurs potentiels" s'élargit donc considérablement ! Une étude américaine récente estime qu'une augmentation de 25 pour cent des greffons disponibles pour les greffes serait envisageable grâce au prélèvements d'organes sur patients "à coeur arrêté".
"It is estimated that non heart beating organ donation can increase the number of organs available for transplant by 25 per cent at a time of great need". Source :
"Critical Care" April 2002; Volume 6: pages 192–195. Copyright 2002 BioMed Central Ltd. Titre de l'article : "Pro/con ethics debate: is nonheart-beating organ donation ethically acceptable?". Auteurs : Leslie Whetstine, Kerry Bowman, Laura Hawryluck.
Lien vers cet article (en langue anglaise) :
http://www.pubmedcentral.nih.gov
==> Voir article "Le don d'organes coeur arrêté, c'est pour demain" : cliquer ici.
==> Voir article "L'arrêt du coeur n'empêchera plus le prélèvement d'organes" : cliquer ici.
Scientific MOOCs follower. Author of Airpocalypse, a techno-medical thriller (Out Summer 2017)
Welcome to the digital era of biology (and to this modest blog I started in early 2005).
To cure many diseases, like cancer or cystic fibrosis, we will need to target genes (mutations, for ex.), not organs! I am convinced that the future of replacement medicine (organ transplant) is genomics (the science of the human genome). In 10 years we will be replacing (modifying) genes; not organs!
Anticipating the $100 genome era and the P4™ medicine revolution. P4 Medicine (Predictive, Personalized, Preventive, & Participatory): Catalyzing a Revolution from Reactive to Proactive Medicine.
I am an early adopter of scientific MOOCs. I've earned myself four MIT digital diplomas: 7.00x, 7.28x1, 7.28.x2 and 7QBWx. Instructor of 7.00x: Eric Lander PhD.
Upcoming books: Airpocalypse, a medical thriller (action taking place in Beijing) 2017; Jesus CRISPR Superstar, a sci-fi -- French title: La Passion du CRISPR (2018).
I love Genomics. Would you rather donate your data, or... your vital organs? Imagine all the people sharing their data...
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