Ce grand monsieur de la médecine de prévention est très malade : son cancer est revenu au grand galop. Un glioblastome de stade IV (cancer du cerveau) ...
"Depuis la rechute de mon cancer en juin 2010, j'ai subi trois opérations, une radiothérapie, deux protocoles de vaccin et un traitement antiangiogénique. La forme sous laquelle est revenue cette tumeur est beaucoup plus agressive que celle avec laquelle j'ai vécu pendant dix-huit ans. Il s'agit d'un glioblastome de stade IV, dont les pronostics sont parmi les plus mauvais de tous les cancers, avec une médiane de survie de quinze mois. Cela signifie que la moitié des personnes atteintes de cette tumeur vivent moins de quinze mois après le diagnostic, et l'autre moitié plus de quinze mois." [Ouvrage cité, pages 48-49].
DS a-t-il écrit un livre pour faire pleurer dans les chaumières ? Non point : il nous livre un constat courageux. Et pour tout dire embarassant. Le mandarinat médical (et chirurgical) et les laboratoires pharmaceutiques font leur beurre non sur la prévention (d'où la haine envers la médecine chinoise en france, justement basée sur la prévention) mais sur le "soin" (traitements et médicaments aux très lourds effets secondaires, parfois le remède est aussi grave que le mal, voire pire) une fois la maladie déclarée, car le domaine de la prévention, véritable enjeu de santé publique pourtant, n'intéresse pas les pouvoirs publics - les Gaulois considèrent sans doute qu'il vaut mieux guérir (= prolonger la maladie dans bien des cas) que prévenir ... Vous saviez déjà que les Gaulois marchent sur la tête ... Ici M. Jean-Michel Billaut, fondateur de l'Atelier Numérique BNP Paribas et auteur du Billautshow glisse un petit commentaire : "Non seulement ils marchent sur la tête, mais de plus ils ont peur que le ciel ne leur tombe dessus ..." - commentaire plein de tendresse et d'ironie.
Comprenez-nous bien : il ne s'agit pas de jeter le bébé avec l'eau du bain. J'ai suffisamment de contacts dans les grands laboratoires pharmaceutiques pour savoir (je ne vous apprends rien) :
1) que certains ont à leur tête des médecins nobélisables (brillantissimes)
2) que certains ont une éthique (déontologie) là où d'autres en ont moins, voire pas ou si peu ...
Le marché de la prévention serait "un problème de riche" (peigner la girafe, quand il n'y a rien de mieux à faire ... ce qui est loin d'être le cas en France ma brave dame) ... Là encore, nos Gaulois marchent sur la tête : quand on manque de médecins dans les campagnes et les banlieues dites "craignos", quand les traitements invasifs contre le cancer coûtent une fortune et permettent de gagner quelques mois mais que l'échéance est inévitable, quand les greffes réclament de (coûteuses) prouesses technologiques, logistiques, des sacrifices (accepter de donner les organes vitaux d'un proche alors qu'il n'est pas encore refroidi) ... alors c'est que notre système de santé n'est plus si performant ... qu'il donne beaucoup à certains et, pour ce faire, prive d'autres ... Solidarité et égalité des chances mon oeil ... Le marché de la prévention est un problème de pauvre : parce que les ressources ne sont pas infinies, il nous faut mettre le paquet sur la prévention ... Parce qu'on reconnaît les limites et les risques de dérive du système de santé actuel (cf. le travail sur la refonte du système du médicament) ... on agit ... en amont ... Les nouvelles technologies, tout le monde s'en sert dans la vie courante, privée et professionnelle. Pourquoi la médecine et les personnels de santé devraient-ils se priver de ce champ des possibles, certes à ne pas confondre avec le chant des sirènes, et rester à l'époque des Amish sous prétexte de colloque singulier médecin-patient ? Pas besoin d'avoir fait Centrale ou l'ENA pour en arriver à l'équation :
Atelier e-santé + combat anticancer de David Servan Schreiber = même combat : PREVENTION
Revenons à ces vérités peu confortables qui émergent du bouquin-testament de DS, selon la formule consacrée : DS a du se battre trop durement pour que certaines vérités commencent à émerger, ce qui aurait causé le retour de son cancer ... Pourtant, grâce à sa méthode anti-cancer, il aurait (très bien) vécu 19 ans avec une tumeur au cerveau qui ne permet pas, statistiquement, de vivre plus de 6 ou 7 ans ... Donc la méthode marche ... Mais jouer les Rika Zaraï et essuyer les moqueries du mandarinat médical gaulois, cela épuise l'organisme ... et cause le retour de le tumeur, selon le cercle vicieux : stress - infection - tumeur ... Les traversées du désert sont de piètres promenades de santé ... Même pour un toubib victime de son succès ... Mauvais pour la "cohérence cardiaque" (ici, ici, ici et ici) ... DS avoue qu'il n'a pas "su trouver son calme intérieur" ... et qu'aujourd'hui, "il le regrette" ... Nous aussi ... Ce que DS nous a appris - et voilà qui n'est pas près de sortir de nos petites têtes dures : voilà ce qu'il faut faire pour ne plus avoir peur que le ciel nous tombe sur la tête :
"Je réitère aujourd'hui cette affirmation : il faut nourrir sa santé, nourrir son équilibre psychique, nourrir ses relations aux autres, nourrir la planète autour de nous. C'est l'ensemble de ces efforts qui contribue à nous protéger, individuellement et collectivement, du cancer, même si nous n'obtiendrons jamais de garantie à 100%." [Livre cité, page 60]. Certes, dans la vie comme dans l'amour, il n'y a pas de garantie, ma brave dame ... "Ce que j'ai appris d'essentiel dans les vingt dernières années de ma carrière scientifique, c'est aussi la plus grande découverte de l'écologie moderne : il s'agit de l'idée simple et fondamentale que la vie est l'expression de relations au sein d'un réseau, et non pas une série d'objectifs ponctuels poursuivis par des individus distincts. C'est aussi vrai des fourmis, des girafes, des loups que des humains. Pour ma part, c'est à travers mes relations avec tous ceux qui se passionnent pour ces idées d'écologie humaine que j'ai eu la chance d'exprimer ma créativité et de contribuer à la communauté. Qu'ils en soient remerciés." [Ouvrage cité, page 50]."J'ai souvent déclaré que je pratiquais tout ce que je recommande dans Anticancer. C'est vrai dans l'ensemble, sauf sur un point : en m'imposant un rythme de travail harassant et au total excessif, je n'ai pas assez pris soin de moi, et ce depuis bien des années. Ce surmenage remonte en fait à la publication de mon livre précédent, Guérir. Les témoignages d'intérêt et de reconnaissance que j'ai reçus m'ont rendu si heureux que je me suis donné à fond dans la défense de ces idées. J'ai pris l'habitude de voyager en France, en Europe, mais aussi en Asie, aux Etats-Unis et au Canada. Je me suis infligé d'innombrables décalages horaires, dont on connaît l'effet négatif sur le système immunitaire via la production d'hormones de stress comme le cortisol et le bouleversement des rythmes naturels de base.
Ce grand dérèglement de mes rythmes biologiques a culminé l'année précédant ma rechute. Anticancer avait été très bien reçu aux Etats-Unis et j'étais constamment sollicité par les médias. La défense de ces conceptions me tenait tellement à coeur que j'en ai purement et simplement oublié de me ménager. (...) [J]'étais littéralement épuisé. C'est à la suite de cela que la tumeur a réapparu.
Avec le recul, je pense que j'étais animé par une envie très humaine d'oublier ma condition [terme anglo-saxon pour désigner la maladie, Ndlr.], de me sentir 'normal', de mener ma vie 'comme tout le monde'. Je crois surtout que je me suis laissé aller à une sorte de péché d'orgueil, car j'en étais venu à me sentir quasi invulnérable. Or il ne faut jamais perdre son humilité face à la maladie. Personne ne possède d'arme invincible contre elle, les meilleures techniques de la médecine moderne peuvent être mises en déroute. C'est une grave erreur d'oublier à quel point la biologie est déterminante. (...) Il ne faut pas s'épuiser, il ne faut pas se surmener. Une des protections les plus importantes contre le cancer consiste à trouver un certain calme intérieur. Je n'ignore pas que pour tous ceux qui font des métiers pénibles, du travail de nuit, les trois-huit, ce conseil n'est pas facilement applicable. Pas plus que pour ceux qui ont des enfants en bas âge, ou des adolescents, ou qui doivent voyager beaucoup.
Pour ma part je n'ai pas réussi à trouver ce calme, et aujourd'hui, je le regrette. Je n'ai pas su rester proche de la nature et des rythmes naturels. Je suis intimement persuadé que la fréquentation d'un bois, d'une montagne, d'un rivage apporte quelque chose de formidablement ressourçant, peut-être parce qu'elle nous permet de nous caler sur le rythme des saisons, ce qui doit contribuer à l'équilibre et à la guérison de l'organisme. Je ne connais pas d'études scientifiques qui étayent cette intuition. Mais l'idée que l'harmonie avec la nature soit un des moyens de nourrir la santé du corps est cohérente avec toute une série de vérités établies. (...)
La notion de 'stress positif' a joué un rôle ans le peu d'importance que j'accordais à la réduction des sources de tension. J'avais découvert, en écrivant mes livres, qu'il existait une variété fascinante de stress, bénéfique tant pour l'esprit que pour le corps, et qui nous pousse à nous dépasser. Grâce à elle, nous découvrons des ressources insoupçonnées au fond de nous-mêmes et réussissons à repousser nos limites. Des études ont montré que des périodes brèves de stress positif pouvaient renforcer le système immunitaire.
Ce stress 'bénéfique' est à l'opposé du stress 'négatif', mieux connu, qui génère un sentiment d'impuissance et de blocage, ce qui a pour effet de créer de la tension dans l'organisme. (...) On sait que le sentiment d'impuissance affaiblit le système immunitaire et provoque l'inflammation. Ce qui favorise les processus tumoraux, mais aussi toute une série d'autres problèmes, comme les affections cardiaques, l'hypertension, le diabète, l'arthrite ...
Si le stress 'positif' est sans conteste un des grands moteurs de la puissance vitale, je pense aujourd'hui qu'il agit parfois comme une drogue sur le psychisme. On peut devenir 'accro' au stress positif (...). C'est peut-être ce qui m'est arrivé quand, comblé par mon travail, j'en ai oublié les exigences de mon organisme ...
D'où la queston de l'importance relative des actions anticancer. Y en a-t-il de plus importantes que d'autres ? Y en a-t-il d'indispensables ? Dans Anticancer, j'ai listé un grand nombre de facteurs en me fondant sur des études scientifiques, mais je n'ai suggéré aucun classement par ordre d'importance. (...)
A la lueur de ma dure expérience, je suis tenté de mettre quant à moi l'accent en premier sur l'absolue nécessité de trouver la sérénité intérieure, et de la préserver, notamment à l'aide de la méditation, des exercices de cohérence cardiaque et surtout d'un équilibre de vie qui réduise au maximum les sources de stress. En second, je place l'activité physique, dont on ne dira jamais assez l'importance. Et en ex aequo, la nutrition, dont je suis heureux de voir que le rôle est désormais reconnu, y compris par certains cancérologues qui ont d'abord contesté mon message au moment de la parution d'Anticancer." [Ouvrage cité pages 61 - 69].
© Editions Robert Laffont, S.A., Paris, 2011