"Just Desert" ou "Monster" ?

La nuit dernière j'ai fait ce rêve : j'étais perdue dans une ville inconnue, tout à coup des policiers surgis d'on ne sait où rangent la foule en toute hâte, l'écartant des bords des trottoirs. Un cortège passe, à fond de train et dans un vacarme optimal. On dirait le cortège publicitaire précédant l'arrivée du Tour de France à vélo sur les Champs-Élysées ... Camionnettes et camions bruyants, klaxonnant à tout va et clamant des slogans par haut-parleur, comme lorsqu'un spectacle de cirque est annoncé ... Contador le dopé, on t'adore !, est la première pensée qui me vient à l'esprit en voyant débouler ce cortège inattendu (comment ferait-il pour établir des records sur-humains s'il n'était pas un tant soit peu dopé ?). Le cortège est insolite. Les parois des camions et camionnettes sont toutes transparentes, on voit des enfants, filles et garçons, d'une dizaine d'années, assis bien sagement ... Le haut-parleur vante les mérites d'un "kit de transplantation" qui leur a sauvé la vie ... Ce "kit" est la plus belle chose au monde ... Elle est rare et précieuse ... Nous autres badauds qui ignorions tout de l'existence de ce kit miracle il n'y a pas dix minutes, nous voilà pris dans l'engrenage : on VEUT ce "kit" à tout prix ... On ne sait jamais ... Qui ça "on" ? Tout le monde. Nous. Les gens, moi, vous ... Dans la foule, un monsieur lambda m'aborde. Il a l'air de très bien me connaître. Moi pas. Comment me connaît-il ? S'il me connaît, comment a-t-il fait pour me trouver dans cette foule ? L'idée de mon blog sur les transplantations d'organes me traverse l'esprit. (Je ne rêve JAMAIS de mon blog.) Je ne sais pas si un de ses enfants (ou son enfant) a été sauvé par une greffe (et se trouve dans un des véhicules du cortège ?), ou si un de ses enfants (ou son enfant) est décédé dans des conditions de prélèvement d'organes vitaux ... et je n'ose pas trop le lui demander (de quel droit ... ?) D'emblée, ce monsieur lambda me tend un "kit" ...

"On vous a dit que c'est très rare et très précieux ... On a promis d'en donner quelques uns, à des gens au hasard dans la foule ... Eh bien tenez, je vous en donne un ... Celui-ci est pour vous ..."

Il prononce cette phrase comme une évidence, dite à voix basse (contrastant avec les clameurs publicitaires) et en me regardant droit dans les yeux ... Je suis éperdue de reconnaissance ... ne sais comment le remercier ... De plus, j'ai l'occasion (un privilège!!!) de voir un de ces "fameux kits" (que personne dans le grand public n'a vu) de près ... de très près, même, puisqu'il est à moi, maintenant ... Je suis tout de même perplexe. Le "kit" se présente sous l'aspect d'un haut de torse masculin, entièrement transparent, comme une bouteille d'eau d' Evian, sauf que le plastique est plus épais et plus solide ou rigide (je n'ose pas trop appuyer dessus tout de même) ... Il n'y a pas non plus l'étiquette "Evian". Le kit ressemble à ces "Vierge Marie" en plastique telles qu'on en vend dans les boutiques de souvenirs pour touristes à Lourdes (pour y mettre de l'eau bénite) ... Quand j'étais petite, ces bouteilles "Vierge Marie" m'avaient fait piquer des crises de fou-rire dans les boutiques ... mon frère n'était pas en reste ... Mais je me rappelle que des "culs bénis" nous faisaient les gros yeux ... Le "kit" est donc transparent et entièrement vide ... Le rebord supérieur est garni de petites étiquettes aux couleurs vives, qui se voient en transparence ... Une étiquette par organe vital (ou tissus, ou veine, ou artère, ou que sais-je encore) ? Je ne suis pas certaine de tout comprendre ... Je suis surtout perplexe ... Le fond du torse ou "kit" est comme le fond d'une bouteille d'eau d'Evian vide (juste plus solide) : un cul de sac ... Il n'y a rien à voir ... Alors c'est cela, le fameux "kit" ? Je suis déçue mais n'ose exprimer ma perplexité et ma déception à mon interlocuteur mystère ... Celui-ci ne m'a pas quitté du regard pendant le temps que je découvrais l'objet qu'il m'a confié ... On dirait qu'il lit dans mes pensées ... Son regard qui m'enveloppe au point que toute frontière entre lui et moi s'efface se fait musique ... Une musique enveloppante et mélancolique, qui vous prend aux tripes et vous paralyse ... "C'est très triste ... Tout cela est très triste ... N'oubliez pas ... D'une tristesse infinie ..."

Je ne suis plus que musique, et ne sais plus si ces mots viennent de moi, de la musique qui m'enveloppe ou de la voix de l'homme lambda ... Peut-être un mélange de tout cela ... et quoi d'autre ? Mais je ne suis pas en état de chercher ... La musique diffusant une mélodie d'une tristesse surhumaine me paralyse comme un myorelaxant, ce médicament qui a pour effet de décontracter les muscles ... La scène suivante se passe dans mon ancien lycée (que je n'aimais pas trop) ... J'ai plein d'affaires à rapporter chez moi car c'est le dernier jour de classe de l'année ... Il y a de la lumière et des petits groupes de profs et d'élèves discutent dans tous les coins ... Je cherche quelque chose mais ne sais pas trop quoi ... et circule donc d'un petit groupe à l'autre ... Ils semblent tous m'ignorer ... comme si j'étais transparente ... Tandis que je poursuis mes recherches de l'objet mystère, les lumières et les portes se ferment aussi inopinément que le cortège publicitaire est apparu sur les boulevards de la grande ville dans laquelle je m'étais perdue ... Je suis fort ennuyée car n'ai toujours pas trouvé l'objet (ou la personne) de mes recherches et dans cette obscurité et avec les portes qui se ferment, comment vais-je retrouver tout le matériel que je dois remporter chez moi en cette fin d'année scolaire ? J'erre de plus en plus vite, suis oppressée et n'arrive bientôt plus à respirer ... C'est alors que la musique d'une tristesse surhumaine revient me hanter, me paralysant ... Je suis comme un gâteau d'anniversaire qu'on découpe. Je suis juste un p ... de gâteau d'anniversaire ... Au lieu du traditionnel chant de "joyeux anniversaire" (plus ou moins faux, plus ou moins clamé ou murmuré comme à contre-cœur), il y a cette musique triiiiiste qui me paralyyyyyyse ... J'étouffe et j'ai mal ... Pas physiquement, non ... mais moralement ... oui, c'est dans mon esprit que j'ai mal ... mais je ne sais pas dire pourquoi ... je n'arrive plus à respirer et cela m'angoisse de manière inhumaine ... cela déteint, comme cette musique mélancolique, sur chaque recoin de moi : mon organisme, mes cellules, ma peau, mon cerveau ... mes muscles et mes nerfs ... J'entends des chirurgiens masqués qui murmurent qu'ils vont arrêter mon cœur ... "Clampage de l'aorte" ... Pourquoi parlent-ils si bas, comme s'ils avaient peur d'être entendus ? Je crois que je suis déjà découpée ... il n'y a plus qu'à distribuer les parts ... Je vais arrêter d'étouffer, et de respirer, ce qui revient au même ... Je ne suis plus personne ni rien d'autre que cette musique d'une tristesse infinie ...

C'est là que je me réveille ... avec cette musique que je continue à entendre pendant un bon quart d'heure ... clouée au lit ... je finis par reprendre mes esprits ... Hier soir j'ai regardé ce film tiré d'un manga japonais très connu, "Monster"

 
MONSTER - Meilleur manga au monde par halfnislife

J'ai vu presque tous les épisodes ... C'est très bien fait ... Très belle étude de l'Europe de l'Est et de la Mitteleuropa durant les "belles années" du Rideau de Fer, avec les réseaux d'espionnage divers et variés et leur saga, plus vraie que nature ... C'est un chirurgien qui mène l'enquête, bien malgré lui ... Un jeune et brillant neurochirurgien japonais opérant dans une clinique à Düsseldorf sauve la vie d'un jeune garçon qui se croit habité par un monstre ... Mélange d'éléments oniriques très forts et de morceaux de réalité percutants, ce manga a fait mouche auprès du grand public de nombreux pays ... Jeune étudiante à la fac de Nanterre et à la Sorbonne, mes profs désespéraient que l'histoire de la "Mitteleuropa" soit un jour connue du grand public ... Ils auraient dû faire un manga ... Dans "Monster", cela déballe sec ... et "cash" ... Quand c'est bien fait, ça plaît au grand public ...

Alors, ce cauchemar, plutôt "just desert" ou plutôt "monster" ? ...