"Mon fils est mort et à l'hôpital ils ont pris ses organes vitaux, sans même nous demander la permission, sans même nous en informer", dit Marie-Reine, une mère en deuil et ... en colère. "Si le don d'organes se transforme en vol d'organes (afin d'en obtenir le plus possible, le plus frais possible), alors la loi doit pouvoir faire quelque chose pour nous protéger. Si nous ne pouvons pas porter plainte en accusant les médecins, chirurgiens, les cadres et employés à l'administration de l'hôpital, car ils jouissent d'une sorte d'immunité diplomatique du fait du "consentement présumé" au don de nos organes à notre mort (c'est la loi en France), eh bien nous allons trouver d'autres coupables que la loi va pouvoir punir : les receveurs d'organes, pour crime de recel : "Constitue (...) un recel le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d'un crime ou d'un délit."
"Le recel est le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose, ou de faire office d'intermédiaire afin de la transmettre, en sachant que cette chose provient d'un crime ou d'un délit.
Constitue également un recel le fait, en connaissance de cause, de bénéficier, par tout moyen, du produit d'un crime ou d'un délit.
Le recel est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 375000 euros d'amende." (Code Pénal, Article 321-1).
Marie-Reine devrait intervenir à France-ADOT (association dont le rôle est de promouvoir le don d'organes auprès du grand public) en s'adressant à des patients greffés et en attente de greffe, afin de leur demander ce qu'ils pensent de donneurs d'organes chez qui on a prélevé des organes vitaux avant leur décès et sans le consentement de leurs proches ... Sont-ils partant pour recevoir des organes obtenus par ... le vol et la tromperie ? Pensent-ils que le don d'organes continuera à sauver des vies (la leur) si "don d'organes généreux et solidaire" signifie au fond (excusez la violence de l'expression, mais je l'ai entendue dans la bouche de chirurgiens) "se faire baiser par le système", ou "être le dindon de la farce" (expression entendue dans la bouche de sociologues allemands : "die potentziellen Organspender und ihre Familie sind die Leidtragenden") ? Marie-Reine se demande si la solidarité n'est pas le parent pauvre d'un tel système ... Or si on enlève la solidarité, prévient Marie-Reine, il vaut mieux que les patients en attente de greffe cessent de rêver : ils trouveront de moins en moins d'organe vital, jusqu'à n'en plus trouver du tout ... Chat échaudé craint l'eau froide ... et les "échaudés" (ceux qui "se sont fait baiser par le système") ont les réseaux sociaux à leur disposition afin de s'assurer que cela ne se reproduise plus trop souvent ... et si possible plus du tout ...
Les conditions réelles du don d'organes - incluant un constat de décès anticipé sur le plan légal avec la "mort encéphalique", dont le bien-fondé scientifique ne fait l'objet que d'un consensus mou dans la communauté médicale scientifique mondiale ; et parfois un prélèvement d'organes vitaux sans consulter les proches - font que les procès sont légion aux USA (voir par exemple ici, ici et ici) ... Rappelons que la "mort encéphalique" correspond à un diagnostic de destruction irréversible du cerveau, dont les critères diffèrent d'un pays à l'autre ... ce qui n'est pas très rassurant, car c'est en clamant haut et fort l'inébranlable certitude de la "mort encéphalique" sur le plan scientifique que l'on réclame des organes vitaux à la population pour sauver des vies ... De plus, rappelons que le "principe de précaution" est inscrit dans la constitution gauloise ... Quand on ne sait pas on s'abstient ? (dirait-on si l'on voulait être méchant ... mais je ne suis pas méchante) ... 91% des organes vitaux greffés en France proviennent de "donneurs morts", c'est-à-dire de patients ayant perdu les droits de la personne et se trouvant dans un état de coma dépassé jugé irréversible ... ce qui n'équivaut pas tout à fait à l'état de mort ... D'autres pays font une part plus large au don de rein de son vivant ... Quand on planifie l'heure d'une naissance (un accouchement), personne ne trouve (trop) à y redire ... Encore un gynéco qui veut pas louper sa partie de golf ... bon, passe encore ... Mais planifier l'heure de votre décès en fonction de l'organisation du prélèvement de vos organes vitaux par les équipes chirurgicales de prélèvement d'organes ? ... eh oui, c'est cela, la réalité du "don d'organes" ... On va avancer ou retarder votre décès afin de prélever des organes frais ... Réalité, mon amour ... Alors, ces procès, cela n'arrive qu'aux USA ? Il n'y aurait que là-bas que les médecins hâtent l'agonie d'un jeune patient pour récupérer des organes en état de marche ? Il n'y aurait que là-bas qu'on subtilise des organes vitaux sans demander l'autorisation des familles ?
"In the lawsuit filed this week in the U.S. District Court of Western Pennsylvania, Michael and Teresa Jacobs claim that doctors "hastened" their son Gregory Jacobs' death by delaying treatment and ultimately pulling his breathing tube, causing him to suffocate.
The couple said their son had not been formally declared brain dead when surgeons began the transplant procedure. They are seeking $5 million in damages." (March 2009, Source)
"Parents' Hospital Lawsuit Says Teen Was 'Killed' For Organs (Doctors Admit Clerical Error, but Say Teen Would Not Have Recovered From Brain Damage)", March 2009, Source
"Can I sue a hospital if my son died and the hospital took organ parts from his body, without permission, his or mine? My son was 29, never married and I was his next of kin. He did not authorize organ donation on his drivers license"
"It is possible that you could sue for the removal of body parts without consent. We would need more details about the death and removal before we can give you a definitive answer." (answer of a lawyer, 2008, Source)
Etc.
Avez-vous déjà entendu parler de ce sublime navet yankee appelé "Repo Men"? (film de 2010) "Repo" signifie "repossession" (reprendre possession de). Des employés d'une entreprise commercialisant des organes artificiels sont chargés de récupérer lesdits organes par la force quand leur propriétaire (ou locataire) ne peut plus payer le "loyer" pour son organe (ou finir de payer les échéances) ... Le "locataire" d'un cœur artificiel (Jude Law) doit fuir pour échapper à l'assassin service après vente (ou recouvrement) de la société lui ayant vendu ledit palpitant ...
"Il suffira de poursuivre les receveurs d'organes en justice pour crime de recel."
On pensait que le scénario de "RepoMen" n'arriverait qu'avec les organes artificiels ... Or on découvre ici un "pitch" légèrement différent, mais il y a de ça ...
Aux USA, vous devez effectuer une démarche administrative si vous consentez au don de vos organes "après votre décès" (vous avez à présent compris ce que signifie "après"). La loi a mis en place le consentement exprès pour le don d'organes ... En France, c'est différent ... Nous avons le stalinien "consentement présumé" : pas besoin de faire une démarche comme inscrire son consentement au don d'organes sur son permis de conduire ou sur sa carte vitale : tout le monde est présumé consentir au don de ses organes, c'est la loi. La France est un pays communiste qui s'ignore ... même si nul n'est censé ignorer la loi ...
Hier j'ai parlé à Marie-Reine ... une maman en deuil et ... en colère ... Lire notre échange : "Pour donner ses organes, plus besoin de le dire ..." Il y a un an, autre témoignage ... même "chanson" (si vous me passez cette expression un peu légère pour les circonstances). D'ailleurs ce témoignage, je l'avais déposé auprès du Dr. Jacques Lucas, vice-président du Conseil National de l'Ordre des Médecins ... Puis-je vous demander, cher lecteur, de le lire ? Merci ... Et d'autres témoignages de la même sorte, encore et encore (j'ai commencé ce blog début 2005, voir la rubrique TEMOIGNAGE) ... Pour autant, nous n'avons jamais trouvé comment faire valoir et respecter les droits de ces familles et ceux des potentiels donneurs d'organes en fin de vie ... Le "consentement présumé" donne l'immunité diplomatique au corps médical pour réaliser le plus de transplantations d'organes possible ... plus de 16.000 patients en attente de greffe ... pénurie oblige ...
Alors ce matin, Marie-Reine a eu cette idée que je trouve brillante :
"(...) [d]ans le cas précis de mon fils ( et il n'est pas le seul) ce n'est pas un don généreux de parties de son corps, dont il s'agit, mais de vol. Je ne sais pas comment vivraient les receveurs s'ils savaient la vérité ... J'ai déjà tenté de m'imaginer être la receveuse d'un organe qui aurait été prélevé dans les mêmes conditions que pour mon fils. Je serai extrêmement mal. Nous sommes tous par définition appelés à vivre puis à mourir, mais dans les deux cas cela doit être dans le respect et la dignité. Or dans le cas d'organes prélevés sans consentement, et sans préparer le corps pour le dernier adieu des familles, il n'y a ni respect du défunt ni respect du receveur, puisque les deux personnes sont pour l'avenir liées... Si j'ai chez moi une très jolie armoire qui m'a été offerte par un ami mais qu'il l'avait avant volée, je deviens de fait une receleuse et je suis passible de prison. Alors un objet, même de grand valeur, a-t-il plus d'intérêt vis à vis de la loi, qu'un défunt ? C'est très compliqué de perdre un enfant, mais quand tout cela se rajoute ( qui plus est sans réponse) c'est assez insurmontable. C'est avec un demi sourire que je conclurai en disant : 'ces gens-là et moi n'avons pas les mêmes valeurs'"
J'ai donc proposé à Marie-Reine d'aller trouver des associations type France ADOT (ainsi que nos aimables institutionnels gaulois de la transplantation d'organes, l'Agence de la biomédecine) ... Elle pourrait aller y demander aux greffés et aux patients en attente de greffe : vous êtes d'accord pour recevoir un organe prélevé avant le décès du donneur (la mort encéphalique équivaut à un coma dépassé, ce qui ne signifie pas que l'individu est mort ; il est supposé mourant), et sans l'accord de la famille ? Que pensez-vous de la solidarité donneur-receveur ? Pensez-vous que le don d'organes anonyme et gratuit peut perdurer si vous ne prenez pas vos responsabilités en tant que receveur ?
3 commentaires:
Les premiers procès intentés par les familles de "donneurs" se feront en Allemagne (passé nazi oblige ?) ... Les suivants se feront en France ... L'Allemagne a une particularité : du temps de la RDA, on prélevait les organes vitaux de "donneurs" sans informer les familles ... Un forme d'application rigoureuse du "consentement présumé" inscrit dans la loi gauloise ... Comme quoi la France est un pays communiste qui s'ignore ...
J'ai été au contact d'une dame (maman) qui a appris la chose (le prélèvement d'organes vitaux sans autorisation) par texto (!!!) 4 mois après ... et encore, précise-t-elle, parce qu'elle avait insiste
lourdement pour le savoir ... Elle pourrait bien aller au pénal (recel). Le nouveau dans l'affaire - en Allemagne comme en France - est que le receveur va pouvoir être attaqué ... A suivre ...
(AFP) - "Un centre de transplantation italien, l'ISMETT de Palerme, en Sicile, a annoncé lundi avoir procédé à la première greffe partielle d'un foie en utilisant uniquement un robot pour découper un morceau de l'organe du donneur.
"Seuls les bras du robot ont opéré à l'intérieur de l'abdomen du donneur. Dans le passé (...) certaines interventions ont été effectuées en utilisant un robot mais avec l'aide du chirurgien qui, avec sa main dans l'abdomen, exécutait avec le robot, une partie de l'intervention", indique l'ISMETT dans un communiqué.
"Grâce à l'utilisation du robot, cinq trous et une incision de seulement neuf centimètres ont suffi à la +résection+", précise l'institution.
L'ISMETT a prélevé un morceau du foie d'un homme de 44 ans qui voulait aider son frère âgé de 46 ans et malade d'une cirrhose.
L'intervention, dont la date n'a pas été précisée, a duré 10 heures et les deux frères se portent bien. Le donneur est sorti de l'hôpital au bout de neuf jours et a repris ses activités professionnelles tandis que son frère est resté hospitalisé quelques semaines mais est désormais de retour chez lui.
L'équipe médicale a effectué cette transplantation avec l'assistance du robot "Da Vinci SHDI" - sorte d'énorme pieuvre à plusieurs bras - conçu dans le Centre de chirurgie robotique multidisciplinaire de Pise."
http://www.leparisien.fr/laparisienne/sante/italie-greffe-du-foie-a-l-aide-d-un-robot-sans-les-mains-du-chirurgien-25-06-2012-2065842.php
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