Je reçois des messages de la part d'usagers de la santé confrontés à la question du don des organes de leur proche s'étant trouvé en "arrêt cardio-respiratoire persistant", suite à un arrêt cardiaque et à l'échec des tentatives de réanimation afin de récupérer cet arrêt cardiaque. Force est de constater que l'usager de la santé est peu informé sur le sujet des prélèvements "à coeur arrêté". Que dis-je.
Il n'est PAS informé.
Contexte du don d'organes : l'incontournable réalité :
Version audio
Avant 2007, seuls les organes de donneurs en état de "mort encéphalique" pouvaient être prélevés. Depuis 2007, une situation d'arrêt cardiaque peut faire de chacun d'entre nous un potentiel donneur de reins et de foie (les organes les plus demandés). Si la "mort encéphalique" est une forme de décès rare (elle concerne à peine un pour cent des décès), l'arrêt cardiaque concerne ... tout un chacun ! D'autant que le consentement présumé est inscrit dans la loi. Nous sommes tous présumés consentir au don de nos organes après notre mort - c'est-à-dire après notre mort légale ("mort encéphalique", ou bien "décès cardiocirculatoire" qui correspond à la situation d'"arrêt cardio-respiratoire persistant"), venant anticiper notre décès physiologique qui, lui, a lieu au bloc, lors du prélèvement des organes. La réalité est donc qu'il existe aujourd'hui deux formes de constat légal de décès anticipé : la "mort encéphalique", le "décès cardiocirculatoire" qui correspond en réalité à un "arrêt cardio-respiratoire persistant". Les organes d'un mort ne soignent personne. Les enfants ne naissent pas dans les choux. Pour soigner un patient en attente de greffe, il faut un organe perfusé, un organe en vie. Qu'est-ce qu'un mort légal avec un organe en vie ? C'est une vie sur le départ. La question du don d'organe passe par la réalité de la mort du donneur. La question du don d'organes doit s'envisager dans le contexte d'une fin de vie. Donneur mort, donneur mourant, cela fait une différence ... grosse comme une loi sur la fin de vie (loi sur les droits des malades en fin de vie, 22 avril 2005).
Vos questions :
Les prélèvements "à coeur arrêté" ont repris en France depuis 2007 et font l'objet de controverses chez les soignants. Existe-t-il une réflexion éthique sur ce sujet ?
Le Docteur Marc Guerrier coordonne la réflexion éthique sur les prélèvements "à coeur arrêté" au sein de l'Espace éthique de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris :
http://www.espace-ethique.org/fr/transplantations.php
Quels sont les établissements autorisés à pratiquer cette activité de "prélèvements à coeur arrêté" ?
Seule l'Agence de la biomédecine est compétente pour vous répondre, puisque c'est elle qui encadre l'activité des transplantations d'organes (prélèvements et greffes) dans tous les hôpitaux. C'est donc elle qui délivre les autorisations :
http://www.agence-biomedecine.fr/professionnels/prelevement-et-greffe-1.html
Le protocole des prélèvements "à coeur arrêté" a été mis en place dans une dizaine d'hôpitaux en 2007 (à titre d'essai), mais le nombre d'établissements hospitaliers ayant reçu l'aval de l'Agence de la biomédecine pour pratiquer cette activité s'est considérablement élargi.
Avez-vous des renseignements au sujet de la loi concernant les prélèvements "à coeur arrêté" (liens, sites internet) ?
Les lois bioéthiques d'août 2004 réglementent l'activité de prélèvement et de greffe d'organes. Un décret d'application de cette loi, validé en 2007, a permis en France la reprise du protocole de prélèvement "à coeur arrêté", pour les reins et le foie, mais aussi pour des tissus. Actuellement, les lois bioéthiques d'août 2004 sont toujours en vigueur, mais un "toilettage" de ces lois est en cours. La nouvelle version, "lois bioéthiques de 2010", devrait sortir en mai 2010.
En ce qui concerne la loi sur les prélèvements "à coeur arrêté" :
Voir le site de l'Académie Nationale de médecine : on se rend compte que ce sont des chirurgiens transplanteurs qui ont défini les modalités de la loi sur les prélèvements "à coeur arrêté", ce qui soulève au moins une question : peut-on être juge et partie ?
"L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 6 mars 2007, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité". Or je rappelle que ce document sur les prélèvements à coeur arrêté datant de mars 2007 n'a pas été approuvé à l'unanimité : un voire deux chirurgiens membres de l'Académie Nationale de Médecine s'y sont opposés. En vain.
A lire en complément :
http://ethictransplantation.blogspot.com/2007/10/les-prlvements-coeur-arrt-en-france-ont.html
La nouvelle version des lois bioéthiques (mai 2010) ne devrait pas apporter de modifications en ce qui concerne l'activité de prélèvement et de greffes d'organes. Les "prélèvements à coeur arrêté" resteront inscrits dans la loi.
Version audio
Avant 2007, seuls les organes de donneurs en état de "mort encéphalique" pouvaient être prélevés. Depuis 2007, une situation d'arrêt cardiaque peut faire de chacun d'entre nous un potentiel donneur de reins et de foie (les organes les plus demandés). Si la "mort encéphalique" est une forme de décès rare (elle concerne à peine un pour cent des décès), l'arrêt cardiaque concerne ... tout un chacun ! D'autant que le consentement présumé est inscrit dans la loi. Nous sommes tous présumés consentir au don de nos organes après notre mort - c'est-à-dire après notre mort légale ("mort encéphalique", ou bien "décès cardiocirculatoire" qui correspond à la situation d'"arrêt cardio-respiratoire persistant"), venant anticiper notre décès physiologique qui, lui, a lieu au bloc, lors du prélèvement des organes. La réalité est donc qu'il existe aujourd'hui deux formes de constat légal de décès anticipé : la "mort encéphalique", le "décès cardiocirculatoire" qui correspond en réalité à un "arrêt cardio-respiratoire persistant". Les organes d'un mort ne soignent personne. Les enfants ne naissent pas dans les choux. Pour soigner un patient en attente de greffe, il faut un organe perfusé, un organe en vie. Qu'est-ce qu'un mort légal avec un organe en vie ? C'est une vie sur le départ. La question du don d'organe passe par la réalité de la mort du donneur. La question du don d'organes doit s'envisager dans le contexte d'une fin de vie. Donneur mort, donneur mourant, cela fait une différence ... grosse comme une loi sur la fin de vie (loi sur les droits des malades en fin de vie, 22 avril 2005).
Vos questions :
Les prélèvements "à coeur arrêté" ont repris en France depuis 2007 et font l'objet de controverses chez les soignants. Existe-t-il une réflexion éthique sur ce sujet ?
Le Docteur Marc Guerrier coordonne la réflexion éthique sur les prélèvements "à coeur arrêté" au sein de l'Espace éthique de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris :
http://www.espace-ethique.org/fr/transplantations.php
Quels sont les établissements autorisés à pratiquer cette activité de "prélèvements à coeur arrêté" ?
Seule l'Agence de la biomédecine est compétente pour vous répondre, puisque c'est elle qui encadre l'activité des transplantations d'organes (prélèvements et greffes) dans tous les hôpitaux. C'est donc elle qui délivre les autorisations :
http://www.agence-biomedecine.fr/professionnels/prelevement-et-greffe-1.html
Le protocole des prélèvements "à coeur arrêté" a été mis en place dans une dizaine d'hôpitaux en 2007 (à titre d'essai), mais le nombre d'établissements hospitaliers ayant reçu l'aval de l'Agence de la biomédecine pour pratiquer cette activité s'est considérablement élargi.
Avez-vous des renseignements au sujet de la loi concernant les prélèvements "à coeur arrêté" (liens, sites internet) ?
Les lois bioéthiques d'août 2004 réglementent l'activité de prélèvement et de greffe d'organes. Un décret d'application de cette loi, validé en 2007, a permis en France la reprise du protocole de prélèvement "à coeur arrêté", pour les reins et le foie, mais aussi pour des tissus. Actuellement, les lois bioéthiques d'août 2004 sont toujours en vigueur, mais un "toilettage" de ces lois est en cours. La nouvelle version, "lois bioéthiques de 2010", devrait sortir en mai 2010.
En ce qui concerne la loi sur les prélèvements "à coeur arrêté" :
Voir le site de l'Académie Nationale de médecine : on se rend compte que ce sont des chirurgiens transplanteurs qui ont défini les modalités de la loi sur les prélèvements "à coeur arrêté", ce qui soulève au moins une question : peut-on être juge et partie ?
"L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 6 mars 2007, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité". Or je rappelle que ce document sur les prélèvements à coeur arrêté datant de mars 2007 n'a pas été approuvé à l'unanimité : un voire deux chirurgiens membres de l'Académie Nationale de Médecine s'y sont opposés. En vain.
A lire en complément :
http://ethictransplantation.blogspot.com/2007/10/les-prlvements-coeur-arrt-en-france-ont.html
La nouvelle version des lois bioéthiques (mai 2010) ne devrait pas apporter de modifications en ce qui concerne l'activité de prélèvement et de greffes d'organes. Les "prélèvements à coeur arrêté" resteront inscrits dans la loi.
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