"Il n'y a plus d'éthique, tout fout le camp", me disait en mars 2009 un grand chirurgien transplanteur.
Oui, bon, il exagère sans doute un peu, non ?
Aux USA et en Europe, l'économie va, quoi qu'on en dise, mal. Les prochaines bulles se préparent. On a décidé de délocaliser l'industrie afin de devenir un pays de service. Exit donc l'industrie, je n'ose plus parler de l'agriculture française, les Allemands l'ont financée durant des décennies, mais enfin ils ne vont pas payer pour Hitler jusqu'à la fin des temps, en tout cas, Merkel ne veut plus ...
Mon cousin est financier dans une grande banque New-Yorkaise depuis plus de dix ans. Son boulot, c'est de spéculer à la hausse sur les entreprises prometteuses. A priori, ça paraît plutôt sympa, comme job, non ? Mon frère dirige le process de fabrication d'une industrie en Malaisie. Son patron, un Chinois, m'a expliqué comment mon cousin et tous ses collègues contribuent, en toute modestie, à créer la prochaine bulle qui ne manquera pas de mettre l'Europe et les USA dans la panade. En Asie, on veut bien de l'industrie, on préfère faire du business avec du concret, et non avec des tourbillons de chiffres à la Jérôme Kerviel. Alors on y récupère toute l'industrie dont l'Europe et les USA ne veulent plus, ou que ces pays n'ont pas su garder. Je parle allemand couramment. En Europe et aux USA, tout le monde s'en fout ou presque (vous connaissez le salaire d'un prof ?) En Asie, je pourrais très bien gagner ma vie (facilement huit fois le salaire d'un prof) en donnant des cours d'allemand à tous ceux qui veulent travailler ou qui travaillent comme cadres dans les prestigieuses usines auto allemandes, désormais présentes dans leur intégralité en Malaisie, en Chine, etc. Tout ça via internet, sans bouger de chez moi (les cours de langues étrangères 2.0) Les Chinois, par exemple, ont récupéré l'industrie et s'intéressent un peu plus aux langues étrangères que les Français. Il est vrai que pour créer des bulles financières, un peu de "Wall Street English" (comme dans la pub) suffit. Me suis mise au chinois vitesse grand V. Remplacer l'Education Nationale, cette institution stalinienne surannée, par le web 2.0, voilà un projet sympa. Pour commencer, l'Alliance Française de Beijing m'emploiera à plus de 2.400 EUR mensuels. Je dis bien, pour commencer. Le salaire moyen d'un enseignant titulaire qui a de l'ancienneté est de 1.400 EUR.
A chaque bulle, la classe moyenne française trinque. A force de boire des bulles, pardon, la tasse, qui nous dit que ladite classe moyenne ne va pas s'emparer du douloureux problème de pénurie d'organes à greffer, bouleversant au passage quelques fondamentaux (anonymat et gratuité). Ne dit-on pas : "Ventre affamé n'a point d'oreilles ?"
En tant qu'auteure du blog "éthique et transplantation d'organes" (initié en mars 2005), je reçois régulièrement depuis 2008 (plus sporadiquement auparavant), des annonces de vente d'organe (rein), indiquant un contact mail, parfois un téléphone, toujours un pseudo, et parfois un prix est fixé. Le plus souvent, l'annonceur précise qu'il ne recherche que des propositions sérieuses. L'annonceur est souvent un homme lorsque l'e-mail vient d'Afrique ; souvent une femme lorsqu'il s'agit d'un internaute français. En 2009, sans doute à cause de la crise, j'ai reçu en moyenne jusqu'à trois annonces par semaine ! Depuis mars 2010, ayant demandé et obtenu la charte "Health on the net", le flux des annonces a baissé. Les propositions viennent d'Afrique pour partie (un Africain qui cherche à vendre un rein à un Français), mais en 2009 ces propositions émanaient de bon nombre de Français ou de francophones (ou se faisant passer pour tel) invoquant la crise, leurs difficultés économiques et appelant à ma compréhension (contourner la loi qui interdit la vente d'organes en France) du fait de leurs difficultés à subvenir aux besoins de leur famille. L'e-mail écrit dans ces cas-là fournit typiquement quelques explications sur les difficultés familiales, économiques et personnelles.
Je m'efforce d'effacer ces annonces de mon blog au fur-et-à-mesure, puisque la loi française interdit la "traite des organes" (vente des organes). Or qui peut empêcher un Français - ou une Française - d'aller vendre un rein à un Américain par exemple, via Facebook ? En Amérique, en Australie, des patients en attente de greffe ont "trouvé un rein sur Facebook", c'est-à-dire que ce réseau social a pu connecter l'offre et la demande, mieux qu'un courtier en organes, qui, lui, prendrait une ("belle") commission.
En France, il n'y a pas de culture d'entreprise. On envoie l'industrie au diable (au "made in China") Il ne faudra pas s'étonner que des organes "made in China" nous arrivent ... Quelques chirurgiens reçoivent en consultation des patients qui ont été se faire greffer un rein en Chine. Ledit rein a bien entendu été prélevé sur un condamné à mort sur lequel on a prélevé les organes sans le moindre consentement. L'Etat chinois a ensuite vendu ces organes au plus offrant, récemment ce marché passait par Hong Kong ... En Chine, il y a plus de 70 chefs d'accusation pour la peine capitale. Il suffit d'avoir grugé les impôts pour y passer (combien de Français ... hem.) En Chine, la peine capitale, "parce que vous le valez bien" (allusion au feuilleton de l'été, l'affaire Bettencourt)
En France, on n'aura bientôt plus d'industrie, mais on a des organes ! Je n'aurai pas l'orgueil de comparer mon blog à Facebook en termes d'impact sociétal, même s'il m'est arrivé récemment une drôle d'aventure. De retour après quelques jours passés à Beijing, je constate que plusieurs internautes ont posté une petite annonce suite à un blog post, dans la partie actus : "Vendre ses organes en toute légalité". Ô surprise ... Mais cette fois-ci, la mésaventure va plus loin. Les petites annonces, du style :
"mme XX pour vendre un de mes rein vous pouvez me ontater sur XX@XX.fr non serieu s'abstenir merci" ...
[Avant de poster un tel message, les auteures de l'annonce, dans tous les cas des femmes, m'avaient expliqué, dans un mail à part, leurs difficultés financières dues à la crise.]
... ont fait de moi un courtier en organes ! D'habitude, j'efface ces annonces dès qu'elles apparaissent (un surcroit de travail dont je me passerais bien). Or en Chine, je n'avais que peu d'accès à internet. Ces annonces se sont donc accumulées durant une petite dizaine de jours. Le temps d'être repérées. Sur mon blog, j'indique un numéro de téléphone portable. De retour de Beijing, j'écoute des messages en anglais à fort accent "roi du pétrole" (Russie et Emirats) ... je ne sais pas si je dois dire la suite ? Bah, pourquoi pas : je suis supposée réunir tous les messages récents (que signifie au juste "récents" ?) contenant une offre "sérieuse" avec contact (e-mail, téléphone), et attendre qu'on prenne contact avec moi sous quinzaine, pour fournir ces renseignements, contre récompense j'imagine ...
Inutile de vous dire que je n'ai pas donné suite. A mesure que crèvent les bulles spéculatives (finances, immobilier, etc.) en Europe et aux USA, la "traite des organes" se fait plus menaçante. Cette menace est arrivée à nos portes. Peu de chirurgiens transplanteurs osent le dire, ils ont un devoir de réserve ("duty of discretion" en anglais), certains allant jusqu'à pousser pour qu'on légifère sur la vente des organes en France, afin d'aider des familles dans le besoin (aider ?) Les chirurgiens transplanteurs qui osent parler se font rappeler à l'ordre par le ministère de la Santé : une lettre recommandée AR arrive dans leur service hospitalier, leur rappelant leur "devoir de réserve". Autrement dit : s'ils sont chefs de service et s'ils parlent (publient), ils vont avoir des ennuis. Or les chirurgiens transplanteurs qui dirigent des services hospitaliers sont aux premières loges pour réaliser (et nous faire réaliser) que "cet odieux trafic d'organes" (dixit l'un d'eux) est devenu une réalité chez nous.
Exit l'industrie, vive le retour au bon vieux temps de l'esclavage, avec la "traite des organes". Au fait, je n'ai pas encore vu les news. Quelle usine délocalise-t-on aujourd'hui ? Il y aura bien quelques ouvriers prêts à vendre leurs organes, faute de trouver du travail. La greffe est victime de son succès. Faute de don ou faute de travail ? En France, on n'a pas de pétrole mais on a des bulles spéculatives, pardon, des organes. Laissons l'industrie aux Chinois. Nous, on pourra toujours industrialiser le don d'organes. La Chine est un pays communiste qui s'ouvre au capitalisme. La France est un pays communiste qui s'ignore. "Il n'y a plus d'éthique, tout fout le camp" ? Euh, désolée, Professeur, je crois que finalement, vous aviez raison.
Oui, bon, il exagère sans doute un peu, non ?
Aux USA et en Europe, l'économie va, quoi qu'on en dise, mal. Les prochaines bulles se préparent. On a décidé de délocaliser l'industrie afin de devenir un pays de service. Exit donc l'industrie, je n'ose plus parler de l'agriculture française, les Allemands l'ont financée durant des décennies, mais enfin ils ne vont pas payer pour Hitler jusqu'à la fin des temps, en tout cas, Merkel ne veut plus ...
Mon cousin est financier dans une grande banque New-Yorkaise depuis plus de dix ans. Son boulot, c'est de spéculer à la hausse sur les entreprises prometteuses. A priori, ça paraît plutôt sympa, comme job, non ? Mon frère dirige le process de fabrication d'une industrie en Malaisie. Son patron, un Chinois, m'a expliqué comment mon cousin et tous ses collègues contribuent, en toute modestie, à créer la prochaine bulle qui ne manquera pas de mettre l'Europe et les USA dans la panade. En Asie, on veut bien de l'industrie, on préfère faire du business avec du concret, et non avec des tourbillons de chiffres à la Jérôme Kerviel. Alors on y récupère toute l'industrie dont l'Europe et les USA ne veulent plus, ou que ces pays n'ont pas su garder. Je parle allemand couramment. En Europe et aux USA, tout le monde s'en fout ou presque (vous connaissez le salaire d'un prof ?) En Asie, je pourrais très bien gagner ma vie (facilement huit fois le salaire d'un prof) en donnant des cours d'allemand à tous ceux qui veulent travailler ou qui travaillent comme cadres dans les prestigieuses usines auto allemandes, désormais présentes dans leur intégralité en Malaisie, en Chine, etc. Tout ça via internet, sans bouger de chez moi (les cours de langues étrangères 2.0) Les Chinois, par exemple, ont récupéré l'industrie et s'intéressent un peu plus aux langues étrangères que les Français. Il est vrai que pour créer des bulles financières, un peu de "Wall Street English" (comme dans la pub) suffit. Me suis mise au chinois vitesse grand V. Remplacer l'Education Nationale, cette institution stalinienne surannée, par le web 2.0, voilà un projet sympa. Pour commencer, l'Alliance Française de Beijing m'emploiera à plus de 2.400 EUR mensuels. Je dis bien, pour commencer. Le salaire moyen d'un enseignant titulaire qui a de l'ancienneté est de 1.400 EUR.
A chaque bulle, la classe moyenne française trinque. A force de boire des bulles, pardon, la tasse, qui nous dit que ladite classe moyenne ne va pas s'emparer du douloureux problème de pénurie d'organes à greffer, bouleversant au passage quelques fondamentaux (anonymat et gratuité). Ne dit-on pas : "Ventre affamé n'a point d'oreilles ?"
En tant qu'auteure du blog "éthique et transplantation d'organes" (initié en mars 2005), je reçois régulièrement depuis 2008 (plus sporadiquement auparavant), des annonces de vente d'organe (rein), indiquant un contact mail, parfois un téléphone, toujours un pseudo, et parfois un prix est fixé. Le plus souvent, l'annonceur précise qu'il ne recherche que des propositions sérieuses. L'annonceur est souvent un homme lorsque l'e-mail vient d'Afrique ; souvent une femme lorsqu'il s'agit d'un internaute français. En 2009, sans doute à cause de la crise, j'ai reçu en moyenne jusqu'à trois annonces par semaine ! Depuis mars 2010, ayant demandé et obtenu la charte "Health on the net", le flux des annonces a baissé. Les propositions viennent d'Afrique pour partie (un Africain qui cherche à vendre un rein à un Français), mais en 2009 ces propositions émanaient de bon nombre de Français ou de francophones (ou se faisant passer pour tel) invoquant la crise, leurs difficultés économiques et appelant à ma compréhension (contourner la loi qui interdit la vente d'organes en France) du fait de leurs difficultés à subvenir aux besoins de leur famille. L'e-mail écrit dans ces cas-là fournit typiquement quelques explications sur les difficultés familiales, économiques et personnelles.
Je m'efforce d'effacer ces annonces de mon blog au fur-et-à-mesure, puisque la loi française interdit la "traite des organes" (vente des organes). Or qui peut empêcher un Français - ou une Française - d'aller vendre un rein à un Américain par exemple, via Facebook ? En Amérique, en Australie, des patients en attente de greffe ont "trouvé un rein sur Facebook", c'est-à-dire que ce réseau social a pu connecter l'offre et la demande, mieux qu'un courtier en organes, qui, lui, prendrait une ("belle") commission.
En France, il n'y a pas de culture d'entreprise. On envoie l'industrie au diable (au "made in China") Il ne faudra pas s'étonner que des organes "made in China" nous arrivent ... Quelques chirurgiens reçoivent en consultation des patients qui ont été se faire greffer un rein en Chine. Ledit rein a bien entendu été prélevé sur un condamné à mort sur lequel on a prélevé les organes sans le moindre consentement. L'Etat chinois a ensuite vendu ces organes au plus offrant, récemment ce marché passait par Hong Kong ... En Chine, il y a plus de 70 chefs d'accusation pour la peine capitale. Il suffit d'avoir grugé les impôts pour y passer (combien de Français ... hem.) En Chine, la peine capitale, "parce que vous le valez bien" (allusion au feuilleton de l'été, l'affaire Bettencourt)
En France, on n'aura bientôt plus d'industrie, mais on a des organes ! Je n'aurai pas l'orgueil de comparer mon blog à Facebook en termes d'impact sociétal, même s'il m'est arrivé récemment une drôle d'aventure. De retour après quelques jours passés à Beijing, je constate que plusieurs internautes ont posté une petite annonce suite à un blog post, dans la partie actus : "Vendre ses organes en toute légalité". Ô surprise ... Mais cette fois-ci, la mésaventure va plus loin. Les petites annonces, du style :
"mme XX pour vendre un de mes rein vous pouvez me ontater sur XX@XX.fr non serieu s'abstenir merci" ...
[Avant de poster un tel message, les auteures de l'annonce, dans tous les cas des femmes, m'avaient expliqué, dans un mail à part, leurs difficultés financières dues à la crise.]
... ont fait de moi un courtier en organes ! D'habitude, j'efface ces annonces dès qu'elles apparaissent (un surcroit de travail dont je me passerais bien). Or en Chine, je n'avais que peu d'accès à internet. Ces annonces se sont donc accumulées durant une petite dizaine de jours. Le temps d'être repérées. Sur mon blog, j'indique un numéro de téléphone portable. De retour de Beijing, j'écoute des messages en anglais à fort accent "roi du pétrole" (Russie et Emirats) ... je ne sais pas si je dois dire la suite ? Bah, pourquoi pas : je suis supposée réunir tous les messages récents (que signifie au juste "récents" ?) contenant une offre "sérieuse" avec contact (e-mail, téléphone), et attendre qu'on prenne contact avec moi sous quinzaine, pour fournir ces renseignements, contre récompense j'imagine ...
Inutile de vous dire que je n'ai pas donné suite. A mesure que crèvent les bulles spéculatives (finances, immobilier, etc.) en Europe et aux USA, la "traite des organes" se fait plus menaçante. Cette menace est arrivée à nos portes. Peu de chirurgiens transplanteurs osent le dire, ils ont un devoir de réserve ("duty of discretion" en anglais), certains allant jusqu'à pousser pour qu'on légifère sur la vente des organes en France, afin d'aider des familles dans le besoin (aider ?) Les chirurgiens transplanteurs qui osent parler se font rappeler à l'ordre par le ministère de la Santé : une lettre recommandée AR arrive dans leur service hospitalier, leur rappelant leur "devoir de réserve". Autrement dit : s'ils sont chefs de service et s'ils parlent (publient), ils vont avoir des ennuis. Or les chirurgiens transplanteurs qui dirigent des services hospitaliers sont aux premières loges pour réaliser (et nous faire réaliser) que "cet odieux trafic d'organes" (dixit l'un d'eux) est devenu une réalité chez nous.
Exit l'industrie, vive le retour au bon vieux temps de l'esclavage, avec la "traite des organes". Au fait, je n'ai pas encore vu les news. Quelle usine délocalise-t-on aujourd'hui ? Il y aura bien quelques ouvriers prêts à vendre leurs organes, faute de trouver du travail. La greffe est victime de son succès. Faute de don ou faute de travail ? En France, on n'a pas de pétrole mais on a des bulles spéculatives, pardon, des organes. Laissons l'industrie aux Chinois. Nous, on pourra toujours industrialiser le don d'organes. La Chine est un pays communiste qui s'ouvre au capitalisme. La France est un pays communiste qui s'ignore. "Il n'y a plus d'éthique, tout fout le camp" ? Euh, désolée, Professeur, je crois que finalement, vous aviez raison.
Catherine coste, auteure du blog "éthique et transplantation d'organes" .
3 commentaires:
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Salaires exprimés en net.
Bonjour,
Nous sommes là encore une fois pour acheter des reins pour nos patients et ils ont convenu de payer une bonne somme d'argent à tous ceux qui souhaitent donner un rein pour les sauver et donc, si vous êtes intéressé d'être un donateur ou si vous voulez sauver une vie, Vous devez nous écrire sur le courrier électronique ci-dessous.
C'est une opportunité pour vous d'être riche, nous vous assurons et vous garantissons une transaction sûre à 100% avec nous, tout sera effectué conformément à la loi qui guide les donneurs de rein.
Ne gaspillez plus de temps, écris-nous avec gentillesse sur irruaspecialisthospital20@gmail.com
Irrua Specialist Teaching Hospital.
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