Pour la première naissance en France à partir d'ovocytes congelés, le Professeur René Frydman a dû contourner la loi française qui devrait être révisée en 2011.
==> Lire cet article sur AgoraVox, le journal citoyen en ligne.
Le célèbre gynécologue-obstétricien, père du premier bébé-éprouvette français en 1982, vient d'annoncer la naissance dans son service de l'hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, de jumeaux conçus à partir d'ovocytes congelés. La maman et les deux enfants, Jérémie et Keren, (3,2 kg et 2,8 kg), nés mardi, se portent bien. "'La loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification, ou congélation ultrarapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon', a-t-il expliqué mercredi à l'Agence France-Presse, en précisant avoir eu recours pour la femme qui vient d'accoucher à 'une technique de congélation lente'. Dans le monde, plus d'un millier d'enfants sont nés à la suite d'une cryopréservation d'ovules, notamment au Japon, en Espagne, ou encore au Canada. Ces techniques, en particulier la vitrification d'ovule, sont destinées avant tout aux femmes atteintes de cancer et qui doivent subir un traitement pouvant altérer leur fertilité. Leurs gamètes sont congelés avant le traitement pour être décongelés le moment venu en vue de réaliser une fécondation in vitro (FIV). L'interdiction d'avoir recours en France à ce procédé de vitrification a suscité bien des débats." (Source)
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Le célèbre gynécologue-obstétricien, père du premier bébé-éprouvette français en 1982, vient d'annoncer la naissance dans son service de l'hôpital Antoine-Béclère, à Clamart, de jumeaux conçus à partir d'ovocytes congelés. La maman et les deux enfants, Jérémie et Keren, (3,2 kg et 2,8 kg), nés mardi, se portent bien. "'La loi autorise, dans des conditions de risque de perte de fertilité pas bien définies, à préserver des ovocytes par congélation, mais pas avec la méthode la plus performante (la vitrification, ou congélation ultrarapide) sous prétexte que toute innovation est assimilée à de la recherche sur l'embryon', a-t-il expliqué mercredi à l'Agence France-Presse, en précisant avoir eu recours pour la femme qui vient d'accoucher à 'une technique de congélation lente'. Dans le monde, plus d'un millier d'enfants sont nés à la suite d'une cryopréservation d'ovules, notamment au Japon, en Espagne, ou encore au Canada. Ces techniques, en particulier la vitrification d'ovule, sont destinées avant tout aux femmes atteintes de cancer et qui doivent subir un traitement pouvant altérer leur fertilité. Leurs gamètes sont congelés avant le traitement pour être décongelés le moment venu en vue de réaliser une fécondation in vitro (FIV). L'interdiction d'avoir recours en France à ce procédé de vitrification a suscité bien des débats." (Source)
D'après les gynécologues, les effets délétères de la PMA (stimulation ovarienne répétée avec risque de cancer) seraient amoindris grâce à cette méthode de cryopréservation (congélation) d'ovocytes. Il s'agit d'une assistance à la PMA en congelant des ovocytes. La maman de Jérémie et Keren était-elle atteinte d'un cancer, traité après congélation d'ovocytes, ce qui lui aurait permis de procréer une fois guérie ? Si c'était le cas, cette pathologie (cancer) aurait été mise en avant : la guérison d'un cancer, avec de surcroît la possibilité de procréer comme si rien ne s'était passé, voilà un argument éthique de taille. Or ce qui est mis en avant, c'est que cette technique de cryopréservation d'ovocytes permet à des femmes ayant un âge déjà avancé de devenir mères, sans stimulations ovariennes à répétition (principe de la PMA), propices à déclencher des cancers. Et si la maman de Jérémie et Keren avait un terrain familial de ménopause précoce (on sait que l'âge de la ménaupose a tendance à se transmettre de mère en fille) ? S'il y avait un passé de cancer de l'ovaire dans sa famille (côté maternel) ? La cryopréservation d'ovocytes donne aux femmes plus de pouvoir : elles peuvent ainsi décider de recomposer une famille à 45 ans par exemple, tout en gardant la possibilité de procréer. Le cliché-réalité de l'homme qui "rajeunit les cadres" et fonde une nouvelle famille à 55 ans et plus laisse la femme sur un pied d'inégalité. Si elle "rajeunit les cadres" à 50 ans, il ne lui est plus possible d'enfanter. A moins que ...
C'est là que le bât blesse. La cryopréservation d'ovocytes donnerait autant de pouvoir aux femmes qu'aux hommes, pour ce qui est de refaire leur vie avec un partenaire plus jeune, avec enfants à la clé, sans adoption. Un enfant à soi ... La science peut donner ce pouvoir aux femmes, nous dit le Pr. René Frydman. Mais la société vit-elle à l'heure de la science ?
"Certains pointent cependant les risques de dérive qui permettraient à des femmes même âgées de devenir mère. 'Ce n'est pas en faisant la politique de l'autruche que la société avancera', répond le Pr. René Frydman au Nouvel Observateur." (Source). Les Catholiques ne verraient pas ce changement d'un bon oeil : pour eux, le chef de famille, c'est l'homme. pas question que la femme puisse procérer à un âge avancé, cela lui donnerait trop de pouvoir. Le modèle traditionnel de la famille que défend Louis, pardon, Benoît XVI est en faveur de l'homme, non de la femme. Selon le Pr. Frydman, "la congélation d'ovocytes pourrait pourtant modifier la pratique même de la FIV. 'Aujourd'hui, on stimule énormément les femmes, avec des effets parfois délétères pour elles. À l'avenir, on pourrait stimuler plus faiblement, congeler les ovocytes et les transférer plus tard, lorsqu'on aura préparé l'utérus à une bonne nidation', dit-il encore expliqué au Nouvel Observateur. Un avis partagé par le Dr Pierre Tourame, gynécologue-obstétricien à Marseille. Ce dernier estime que les cryopréservations d'ovocytes auront deux indications principales : les femmes atteintes d'un cancer et celles qui bénéficient de stimulation ovarienne dans le cadre d'une procréation médicalement assistée et qui ont trop d'ovocytes. Elles auront ainsi le choix de faire conserver soit des embryons, soit leurs ovocytes." (Source). La maman de Jérémie et Keren se trouvait probablement dans le second cas de figure (deuxième indication) : la PMA. Les femmes ayant recours à la PMA et qui pourraient congeler leurs ovocytes bénéficieraient d'une moindre stimulation à effets délétères (cancer ovarien). Ce n'est pas rien ...
Le médecin député UMP Jean Leonetti, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur la révision des lois de bioéthique, propose d'"offrir aux chercheurs une liberté maximale et [de] leur permettre d’améliorer les conditions de fécondation – ce qui ne peut se faire qu’en maniant l’embryon'. Il propose donc d’amender le texte du projet de loi 'pour permettre aux chercheurs de faire réellement évoluer les conditions de fécondation dès lors que les procédés utilisés s’avèrent fiables, reproductibles et efficaces'." (Source). Le Dr. Leonetti estime donc qu’il faut autoriser la vitrification des ovocytes (méthode de congélation ultra-rapide des ovocytes) interdite en France. Il se déclare favorable à l’autorisation de cette technique pour des femmes souhaitant congeler leurs ovocytes jeunes afin d’avoir un enfant plus tard : 'Je ne suis pas opposé à cette pratique à condition qu’elle ne soit pas remboursée par la Sécurité Sociale et qu’on mette une limite d’âge (45 ans par exemple) pour l’utilisation des ovocytes.' Estimant que la vitrification permettrait de pallier la pénurie du don d’ovocytes en France, il préconise 'pour éviter la marchandisation', d’offrir 'une vraie reconnaissance aux donneuses : remboursement de leurs frais de déplacement, droit à des congés et surtout une reconnaissance de la nation' sous la forme d’une lettre de remerciement symbolique du Président de la République."
En tant que femme, je remercie vivement le Pr. René Frydman et le médecin député Jean Leonetti pour leur précieuse contribution à ce que j'appellerais non une "agression idéologique", à l'instar des Catholiques, mais une avancée sociétale (condition de la femme).
Je souhaite revenir sur le point de vue catholique dans le débat sur les cellules souches (le Dr. Jean Leonetti a parlé d'un "retard de la France" dans ce domaine) et l'assistance médicale à la procréation :
"Il [Dr. Jean Leonetti] oublie que si l’on veut parler de retard, il s’agit plutôt d’un retard de la recherche française sur les cellules souches adultes, de sang de cordon, ou reprogrammées qui s’explique par les choix politiques de 2004 qui ont concentré les équipes de notre pays sur des programmes de recherche sur l’embryon, sans efficacité thérapeutique. Ce que tout le monde savait déjà à l’époque.
Dans la perspective d’applications thérapeutiques, les recherches sur les cellules souches adultes ou de sang de cordon sont efficaces, alors que les recherches sur les cellules souches embryonnaires ne le sont pas. De même, les cellules souches reprogrammées (iPS) sont aussi pertinentes, et plus accessibles, que les cellules souches embryonnaires pour le criblage des molécules et la modélisation des pathologies."
Cellules de cordon et de sang de cordon OU cellules souches embryonnaires ? Les Cathos votent pour les premières, quelques scientifiques pour les secondes. Et s'il fallait les deux ?
2 commentaires:
Mon coup de gueule contre les Cathos !
Catherine je n'ai fait que regretter qu'un évêque donne plus qu'un point de vue éthique, ce qui obligerait à faire rentrer les religions dans l'éthique (religions qui n'aiment pas trop la science). Pour moi les religions ne sont pas la foi. Donc cathos ou autres je n'attends pas de message de leur part pour conduire nos vies, nous avons déjà bien assez de maîtres à penser. Aussi libre à eux de penser qu'ils ont les bonnes réponses pour nous, sur l'avortement, le préservatif, etc. Mais leur exemplarité étant en défaut, un peu plus de discrétion serait de mise. Les athées ont eux aussi des droits et ils se taisent, science sans conscience n'est que ruine de l'âme, la science n'a que faire des écrits de chacun. Pour moi, face à la vie et à la mort, il n'y a qu'une éthique sans églises, la foi en la vie ici et maintenant.
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