Luc de Brabandère est un consultant spécialiste de l'innovation et de la créativité en entreprise. Ses analyses sont très éclairantes pour toutes ces multi-nationales qui fusionnent, mais pas seulement. Elles sont très riches d'enseignement si on les applique au domaine de la médecine de remplacement : les transplantations d'organes et de tissus.
4.400 greffes effectuées en France en 2009, où près de 15.000 patients attendent un organe à l'heure actuelle. A trop se muscler dans la posture de la promotion du don d'organes, depuis des décennies, aurait-on raté une occasion de voir le monde autrement ?
Pour s'attaquer au problème de pénurie d'organes et de tissus à greffer, on cherche à "penser pour changer". Ce qui revient à pousser sur le Don, au risque de manquer de flexibilité. Comment faire plus de greffes ? Voilà qui ne pose pas la question de savoir comment on va développer au plus vite, au mieux et pour le bénéfice du plus grand nombre de patients, l'assistance circulatoire mécanique, par exemple. Il s'agit d'une micro-pompe pour assister le coeur défaillant. Cette thérapie existe déjà, mais on continue à parler de la nécessité de faire plus de greffes cardiaques. Un réflexe de la forme acquis depuis des décennies. L'innovation, c'est "un peu plus de la même chose". Un peu plus de greffes cardiaques... Les greffes de rein sont financièrement rentables, elles coûtent en moyenne dix fois moins cher que la redoutable dialyse. Mais à toujours "innover", c'est-à-dire faire un peu plus de la même chose (promotion du Don), on "pense pour changer", alors qu'il faut d'abord "changer pour penser", c'est-à-dire savoir envisager le monde autrement, en faisant preuve, cette-fois ci, de créativité. Aurait-on raté une occasion de voir le monde autrement ? Tous les chemins mènent-ils au Don ? La médecine de remplacement a-t-elle vocation à devenir une médecine comme une autre ? L'innovation répond par l'affirmative. La créativité en doute, et suggère qu'il faut d'abord "changer pour penser" - au risque de s'inscrire dans une certaine rupture avec l'innovation. En effet, oser penser que la médecine de remplacement n'a pas vocation à devenir une médecine comme une autre, c'est se situer dans la rupture, dans la créativité. Non dans l'innovation.
Entre innovation et créativité, cette affaire des transplantations d'organes et de tissus peine à trouver un équilibre ...
Ce blog propose quelques éléments de réflexion et des témoignages qui permettront de documenter une réflexion sur l'innovation et la créativité dans la médecine de remplacement, s'appuyant sur l'éthique appliquée. Pourquoi un consultant expert en innovation et créativité en entreprise irait-il se mêler de l'éthique des transplantations ? Parce que l'excellence d'experts sur l'innovation et la créativité en entreprise permet de poser un regard neuf, plus créatif, sur l'éthique et la médecine de remplacement et son redoutable talon d'Achille : la pénurie d'organes et de tissus à greffer, qui conduit à l'omniprésente menace du trafic d'organes, hélas très documenté dans le monde entier ou presque. Parce que plus que jamais, le monde des transplantations a besoin de "changer pour penser", au lieu de "penser pour changer".
A suivre ...
Luc de Brabandère est l'auteur du livre intitulé "La valeur des idées : de la créativité à la stratégie en entreprise" (Dunod, 2007). En juillet 2009, il présentait "Les dix paradoxes de la créativité" à l'université du S.I.
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