Il vit dans la région de Boston, aux Etats-Unis. Ancien chirurgien, son expérience du milieu médical lui fournit les sujets de ses ouvrages et explique leur étonnant réalisme. Auteur de plusieurs best-sellers, il souhaite par ses thrillers "alerter l'opinion publique sur les dangers que le progrès scientifique représente pour l'homme."
Ayant tout juste commencé la lecture des ouvrages de cet auteur (en anglais et en français, pêle-mêle, au hasard des livres prêtés, achetés d'occasion ou trouvés à la Fnac), je dois dire que le réalisme prend à la gorge et saute aux yeux. Le côté pédagogique est assez réussi. Robin Cook s'intéresse aux enjeux de santé publique. Bon. So what ? (Et alors ?) Il faut avouer qu'il réussit fort bien à nous y intéresser. Imaginez un John Grisham qui aurait fait carrière dans la médecine au lieu d'être devenu avocat.
Lors du salon du livre à Paris en mars 2010, j'avais discuté avec de fort sympathiques stagiaires sur le stand du Livre de Poche, sur toute la durée du salon on s'était livrées à une petite enquête : combien existe-t-il d'auteurs publiés en livre de poche (si étrangers, traduits en français) qui publient sur le sujet du trafic d'organes, dans une optique pédagogique identique à celle d'un Robin Cook ou d'un John Grisham ? Nous avons trouvé quelques récits euh ... nuls (du style des bocaux d'organes terrés dans une cave, provenant à la fois de clonage et de prélèvements louches. L'inspecteur Dubidon enquête et trouve des trucs oh ! ... ah ! ...), bref, le polar de la mort qui tue - des stagiaires du stand de l'éditeur du "Diable Vauvert" sont venues, dans un (rare) moment de creux, partager notre franche rigolade.
Chasse au polar sur le thème du trafic d'organes infructueuse, pourtant j'ai tout essayé, même l'éditeur Actes Sud, chez qui je fais des trouvailles mémorables en littérature depuis mes 20 ans (dire qu'ils ont refusé "Harry Potter" !!) ...
Aller bavarder au passage avec le libraire du Phénix (boulevard de Sébastopol dans le 3e à Paris), M. Meyer, qui est un personnage clé de la littérature asiatique en France. Il connaît très bien l'éditeur Philippe Picquier, chez qui je fais des trouvailles ... depuis mes 20 ans ... (je ne vais pas vous la refaire). Il y a bien l'auteur chinois Yan Lianke avec "Le Rêve du village des Ding" (coup de foudre pour ce roman !), ou encore Yu Hua, avec "Le vendeur de sang", mais ces livres ne traitent pas du trafic d'organes, en Chine ou ailleurs. Ils traitent de tous ces paysans pauvres du Yunan et d'ailleurs qui ont vendu leur sang dans l'espoir de se sortir de la misère et sont morts du SIDA. Un de mes amis est un avocat canadien activiste des droits de l'homme : David Kilgour, auteur de l'ouvrage "Bloody Harvest", paru en novembre 2009 - le résultat d'une enquête de 2006 à 2009 sur le trafic d'organes en Chine. Je lui ai demandé pourquoi certains auteurs chinois comme Yan Lianke (certes pas très aimé par le régime chinois, néanmoins il vit en paix en Chine et se déplace comme il veut, je l'ai même croisé au salon du livre à Paris cette année) ne se lancent pas dans une fiction sur le thème du trafic d'organes en Chine. Il a haussé les épaules et a levé les yeux au ciel. Mon interprétation : ma question était digne d'un inspecteur Dubidon. Thème sensible ... Il se trouve que justement, ce thème sensible m'intéresse.
Revenons au salon du livre de Paris en mars 2010. J'y rencontre l'auteur anglais Peter James, qui a écrit un polar sorti récemment - "Dead Tomorrow", traduction en français à paraître très prochainement - enfin un polar sur le trafic d'organes sans l'inspecteur Dubidon ! Mais qui pense qu'en poussant sur le don, on va éviter le trafic. Mouais... Touche d'humour anglais, Peter James se réjouit de savoir que son polar sur le trafic d'organes va être traduit en chinois et en quelques dialectes et langues officielles parlés en Inde. Comme chacun sait, ces pays sont très effectés par le trafic d'organes. Pour apporter ma touche d'humour anglais, j'ai rappelé à Peter James qu'il fut un temps, point si lointain, ou des condamnés à mort étaient exécutés d'une balle dans la tête en Chine tous les vendredis soir, le lendemain ils se trouvaient en état de "mort encéphalique", leurs organes étaient vendus via Hong-Kong.
Est-ce toujours le cas ? Eh bien, je n'en sais rien. Il faudrait aller enquêter sur place, les éditions Philippe Picquier sont intéressés par un livre sur le trafic d'organes en Chine, mais qui voudrait aller enquêter sur place ? Quelques chercheurs de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, sinologues de haute volée, pourraient aller (en y allant mollo sur la cavalerie des Droits-de-l'-Homme à mon humble avis) se renseigner dans quelques petites provinces chinoises sur l'état du trafic d'organes ? Les choses progressent sur place, paraît-il. Un système de "don" tendrait à se mettre en place depuis ... l'aboutissement de l'enquête de mon ami l'avocat David Kilgour, aidé par son collègue et compatriote David Matas. Donc pour tout dire depuis tout récemment. Mais les quelques Chinois que j'ai interviewés en Malaisie en janvier 2010 et à Paris en mars 2010 m'ont dit qu'ils n'y croient pas trop, à ce système de "don" d'organes anonyme, volontaire et gratuit : ils auraient entendu le témoignage de gens qui disent (l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours) que les organes greffés en Chine - sur des Chinois - proviennent toujours des condamnés à mort, mais qu'officiellement, sur le papier, les organes proviendraient d'un donneur en bonne et dûe forme (don volontaire, anonyme et gratuit, à l'identique du système français). Un Chinois vivant à Paris m'a dit : "Un greffé du rein vivant en Chine a reçu le rein d'un condamné à mort dont les organes ont été prélevés, mais officiellement il a des papiers de l'hôpital prouvant que le donneur de ce rein est un parent à lui, qui a consenti à un don de rein de son vivant - don volontaire et gratuit ..." Qui est ce greffé ? Où, quand, qui, quoi, comment ? Ces questions sont trop cartésiennes pour un Chinois qui ne veut pas parler. Que peut un français trop cartésien (les maths et moi, c'est deux parallèles qui ne se rencontreront jamais. Justement, ça reste des maths !) face à un Chinois qui sait être muet comme la carpe ? Les Chinois adorent le poisson, animal symbole de l'abondance et de la richesse. Un bon Chinois ne trahira jamais la Carpe, de même qu'à la fin d'un bon gueuleton à Beijing, on mange du poisson, pour signifier que l'hôte n'a pas épuisé ses réserves en servant ce bon repas à ses amis. Riche il est, riche il demeure. Le choc des cultures continue : "N'oubliez pas le problème de la réincarnation !", a ajouté mon interlocuteur chinois. Se faire prélever ses organes, ce serait donc mauvais pour son karma. Quoique Bouddha prône l'altruisme et l'entraide ... Bien compliqué, tout ça ...
Est-ce toujours le cas ? Eh bien, je n'en sais rien. Il faudrait aller enquêter sur place, les éditions Philippe Picquier sont intéressés par un livre sur le trafic d'organes en Chine, mais qui voudrait aller enquêter sur place ? Quelques chercheurs de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, sinologues de haute volée, pourraient aller (en y allant mollo sur la cavalerie des Droits-de-l'-Homme à mon humble avis) se renseigner dans quelques petites provinces chinoises sur l'état du trafic d'organes ? Les choses progressent sur place, paraît-il. Un système de "don" tendrait à se mettre en place depuis ... l'aboutissement de l'enquête de mon ami l'avocat David Kilgour, aidé par son collègue et compatriote David Matas. Donc pour tout dire depuis tout récemment. Mais les quelques Chinois que j'ai interviewés en Malaisie en janvier 2010 et à Paris en mars 2010 m'ont dit qu'ils n'y croient pas trop, à ce système de "don" d'organes anonyme, volontaire et gratuit : ils auraient entendu le témoignage de gens qui disent (l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours) que les organes greffés en Chine - sur des Chinois - proviennent toujours des condamnés à mort, mais qu'officiellement, sur le papier, les organes proviendraient d'un donneur en bonne et dûe forme (don volontaire, anonyme et gratuit, à l'identique du système français). Un Chinois vivant à Paris m'a dit : "Un greffé du rein vivant en Chine a reçu le rein d'un condamné à mort dont les organes ont été prélevés, mais officiellement il a des papiers de l'hôpital prouvant que le donneur de ce rein est un parent à lui, qui a consenti à un don de rein de son vivant - don volontaire et gratuit ..." Qui est ce greffé ? Où, quand, qui, quoi, comment ? Ces questions sont trop cartésiennes pour un Chinois qui ne veut pas parler. Que peut un français trop cartésien (les maths et moi, c'est deux parallèles qui ne se rencontreront jamais. Justement, ça reste des maths !) face à un Chinois qui sait être muet comme la carpe ? Les Chinois adorent le poisson, animal symbole de l'abondance et de la richesse. Un bon Chinois ne trahira jamais la Carpe, de même qu'à la fin d'un bon gueuleton à Beijing, on mange du poisson, pour signifier que l'hôte n'a pas épuisé ses réserves en servant ce bon repas à ses amis. Riche il est, riche il demeure. Le choc des cultures continue : "N'oubliez pas le problème de la réincarnation !", a ajouté mon interlocuteur chinois. Se faire prélever ses organes, ce serait donc mauvais pour son karma. Quoique Bouddha prône l'altruisme et l'entraide ... Bien compliqué, tout ça ...
Dans 10 jours, je suis en Chine. L'Expo Universelle de Shanghai, Beijin. Deux semaines en Chine ! Je m'imagine déjà en inspecteur Dubidon, enquêtant à la sauvette. Les malheureux qui répondront à mes questions sur le trafic d'organes en Chine se retrouveront en prison (torturés ?) pour le restant de leurs jours. A vrai dire, je préfère rapporter des souvenirs de vacances plus ... zen pour ma petite conscience de moineau trempé par la pluie et qui grelotte de froid, perché là-haut sur son fil électrique ... Pour l'heure, j'étudie sagement le Chinois : les quatre tons, et l'accent léger. Léger ...
L'objet de ce Post était simplement de dire que je suis en train de lire le dernier "thriller" de Robin Cook : "Etat critique". Je suis un peu tombée dedans, entre deux cours de Chinois. Zài jiàn.
2 commentaires:
http://en.wikipedia.org/wiki/Han_Han
http://www.cnn.com/video/data/2.0/video/international/2010/06/02/talk.asia.han.han.china.cnn.html
Article sur le blogger Han Han :
http://hebdo.nouvelobs.com/sommaire/monde/090388/han-han-l-enfant-terrible-du-web.html
Pas assez rebelle pour aller en prison, d'après une amie qui, grâce à sa licence de chinois, connaît un peu son blog. Mais si c'est un "intellectuel engagé", c'est déjà pas mal, non ?
En allant chercher mon visa à l'ambassade de Chine en France, j'ai vu, en libre service, des DVD visant à dénoncer la "dangereuse secte" des Falun Gong. Hem. Bien sûr j'ai pris quelques exemplaires de ces DVD, rien que pour voir. Sur son blog, Han-Han parle-t-il du Falun Gong ?
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