Discours public sur le don d'organes : petite revue de presse analytique, synthétique et critique.
Après avoir passé en revue les différents articles de presse sur le sujet, voici les deux grands absents du Don :
- L'anesthésie du donneur, dit mort : le constat de décès légal anticipe le décès physiologique du donneur. Ce décès a lieu au bloc, lors du prélèvement de ses organes. Ce donneur est donc anesthésié, en règle générale, surtout dans le cadre d'un prélèvement multi-organes (PMO), au préalable du prélèvement de ses organes. Le don d'organes, c'est le prélèvement d'organes sains sur un "mort".
- Les prélèvements "à coeur arrêté" ont repris en France en 2007. Une situtation d'arrêt cardiaque peut faire de chacun de nous un potentiel donneur d'organes. Qui le sait ? La mort encéphalique, c'est près de un pour cent des décès. L'arrêt cardiaque, c'est bien plus ! Plus de 4.500 greffes réalisées en 2009, mais près de 15.000 patients en attente de greffe. Il faut donc légiférer pour augmenter le "pool" des donneurs. C'est désormais chose faite en France : une décision d'arrêt de réanimation suite à un arrêt cardiaque qui sera jugé irréversible par une équipe soignante peut faire de chacun de nous un potentiel donneur de reins, de foie et de tissus. Les reins sont les organes dont on manque le plus : deux tiers des 15.000 patients attendent un rein.
Pourtant, c'est le silence radio au sujet des prélèvements "à coeur arrêté". Le discours public sur le Don fait l'impasse sur le sujet.
Voici donc l'information sur les prélèvements "à coeur arrêté", sous forme de deux articles écrits par des médecins journalistes, spécialistes en biomédecine, à l'attention du grand public.
==> Article du 12 mai 2010, Pierre-Olivier ARDUIN (synthèse) : lire
==> Article du 28 mai 2010, Pierre-Olivier ARDUIN (synthèse) : lire
Le discours public rappelle l'importance du positionnement. "Pour sauver des vies, il faut l'avoir dit" (Agence de la biomédecine). Or le consentement éclairé suppose une information au préalable. Quelles sont les réalités de la mort qui permettent le prélèvement d'organes ? Ces réalités sont-elles connues du grand public ? En l'absence d'information sur ces réalités, la pédagogie mise en place dans le discours public est une pédagogie du Don, au risque de laisser de côté l'information sur certaines réalités du prélèvement d'organes. Consentement présumé et pédagogie du Don se substituent au consentement éclairé et à l'information. L'information, c'est la pédagogie du Don.
La pédagogie du Don, produit d'un "marketing social" ? (Philippe Steiner, sociologue, Université de la Sorbonne).
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