J'ai promis de résumer la matière scientifique décrite dans ce livre, ce que je tente ici. Merci aux Editions Stock de ne pas m'en vouloir pour les nombreuses citations, éclairantes pour comprendre ce qu'est la biopsie liquide et son rôle dans le dépistage et traitement précoce du cancer. J'espère que ce résumé plus approfondi incitera davantage de public à lire ce livre remarquable ...
Le principe de la biopsie liquide :
Comment prendre en filature les cellules tumorales circulant dans le sang bien avant que la maladie ne se signale sans se tromper de cible ? Tout repose sur un terme qui n'est familier à personne en Occident : le diagnostic précoce. La plupart du temps, les gens ont un cancer stade 2 ou 3 ou même 4 ... Avez-vous jamais entendu parler de patient dépisté à un stade zéro ou un ?! ... Ce serait marcher sur la tête ? Si on arrive à relever le défi (ne pas se tromper : dépister les vrais ennemis, et non créer de faux ennemis), voilà qui serait une véritable révolution. A ceci près : depuis toujours, la médecine chinoise repose sur la prévention ... Pour eux, c'est nous qui marchons sur la tête ...
Une méthode basée sur une prise de sang permettant de détecter le cancer avant l'imagerie ? Voilà ce dont il est question ici. Tout tourne autour de la mise au point d'un test. ISET.
"Octobre 2014. Après presque 20 années d'efforts de la part de toute l'équipe de recherche que je dirige, j'apprends que nous avons gagné une bataille décisive. Le test sanguin que nous avons mis au point et qui consiste à filtrer le sang pour y trouver d'éventuelles cellules cancéreuses circulantes (CCC2) , dites "sentinelles", lesquelles signalent la présence du tueur qui rôde dans le corps humain avant même qu'il ait commis l'irréparable, ce test, donc, a fonctionné !"
Le test de dépistage sanguin peut constituer une alerte plusieurs années avant que le cancer ne soit visible sur une radiographie ou un scanner ! Une photocopieuse qui accomplit une tâche d'isolement, associée à l'analyse experte des cellules au microscope ... Le tout, proposé demain, pour le prix d'une simple numération sanguine, à tout un chacun ? ISET est en fait une machine à filtrer le sang prélevé sur un patient (prise de sang). Cela permet de "repérer si un ennemi se prépare à l'attaque dans chaque organisme, et de le mettre hors d'état de nuire."
"Le Test ISET permet d'intervenir très en amont, alors que 75% des cancers du poumon ne peuvent plus être opérés quand ils sont détectés, parce qu'ils en sont à un stade trop avancé et ont déjà produit des métastases."
Le danger du faux-positif :
C'est la fausse alerte, alors que tout va bien. Il faut savoir que suite à la compression d'un organe à cause d'une chute ou d'un choc, des cellules d'organe parfaitement normales peuvent se retrouver dans le sang. Nos organes sont comme des éponges et il ne faut pas grand-chose pour qu'ils diffusent dans le sang un très petit nombre de cellules." Conclusion : les cellules d'organe présentes dans le sang ne sont pas forcément tumorales ... Gare aux faux-positifs ! Apparemment, des concurrents du test ISET sont tombés dans le piège ... Autre hypothèse qui s'est avérée erronée : si on part du principe (faux !) que les cellules d'organe présentes dans le sang sont forcément tumorales, on va développer "un système et une machine pour détecter les cellules d'organe dans le sang, pensant (à tort) que toutes les cellules d'organe, y compris les cellules tumorales dérivées d'organes, fabriquent des protéines dites "épithéliales" (qui se situent dans leur membrane)" ; pour cela on va fabriquer des anticorps, c'est-à-dire d'autres protéines qui les reconnaissent et se lient à elles. "En mettant le sang en contact avec les anticorps puis avec un aimant (attacher les anticorps à des molécules magnétiques au préalable), les cellules d'organes qui se sont collées aux anticorps peuvent être extraites du sang". Or il s'avère que lesdites "protéines épithéliales sont absentes dans un pourcentage variable de cellules tumorales, le plus souvent la moitié d'entre elles environ."
C'est au MIT, 10 ans plus tard, qu'en a été trouvée la raison. Le mécanisme responsable de la perte des protéines épithéliales dans certaines cellules tumorales. Voilà qui invalide la stratégie basée sur des anticorps (les concurrents du test ISET) ... En l'occurence, ici on produit de faux-négatifs (la non-détection d'une maladie), puisque la méthode ne parvient pas à capturer toutes les CTC présentes dans le sang.
Circulating tumor cells (CTCs) have attracted interest as biomarkers of cancer metastases but only recently has a reliable method of CTC detection been developed. CTCs can be thought of as a liquid biopsy from the blood, and they can be used in pathological and molecular assays. CTCs may ideally replace metastatic tissue biopsies in the prediction and monitoring of therapeutic responses and tumor recurrence. CTCs can be used to guide therapeutic cancer management and serve as drug targets. For this reason, the potential of this technology and the limitations of currently available methods of CTC detection are addressed here. The clinical applications of CTCs include the prediction of cancer prognosis; selection and monitoring of therapeutic regimens; and drug target applications. The manner in which CTC molecular profiling can facilitate prognosis and the selection of cancer therapies. (source)On voit que l'équipe de la chercheuse a dû naviguer (avec succès) entre deux écueils : celui des biopsies liquides trouvant de faux positifs et celui inverse (les faux négatifs) ...
C'est en 1995 que l'on trouve que le processus d'invasion tumorale, dans le cas du cancer du sein, débute environ 5 à 10 ans avant le moment où le cancer est diagnostiqué par des méthodes classiques d'imagerie comme la mammographie. De là, Patrizia mettra tous ses efforts pour développer un test sanguin prédictif. Elle entrevoit cette possibilité en 95 ... Le livre est loin d'être un compte-rendu de matière scientifique desséchée ... On voit que tout a été ressenti, testé, éprouvé, à l'aune de la maladie et de la perte d'êtres chers et de patients ... La science navigue entre ces tranches de vécu, en cela je dirais que Patrizia est le nouveau David Khayat, qui lui aussi a, en son temps, raconté les avancées scientifiques de la cancérologie (et ses échecs) à travers le vécu de tant de patients ... dont son chef de service, mort jeune. En quoi les CTC se distinguent des cellules du sang ? Voilà la question qui va travailler la chercheuse jour et nuit durant presque deux décennies ...
(cet article est en cours d'ébauche et sera modifié / enrichi tout au long de la semaine, au gré de mes disponibilités, merci pour votre compréhension)
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